Ezétimibe, Ezétrol*, inhibiteur de l’absorption intestinale du cholestérol, intérêt clinique ?

L’ézétimibe est un médicament de synthèse qui inhibe sélectivement l’absorption intestinale de cholestérol et de certains phytostérols comme le sitostérol. Il inhibe le transporteur de stérols appelé Niemann-Pick C1-Like 1, voir cet article. Il agit au niveau de la muqueuse intestinale mais il est lui-même absorbé et partiellement transformé en un métabolite actif glycuronoconjugué, l’ézétimibe-glycuronide.

L’ézétimibe a obtenu son AMM en 2003 et est commercialisé dans divers pays, le plus souvent sous le nom d’Ezétrol* (Zetia* aux USA), comprimé à 10 mg et en association avec la simvastatine sous le nom de Inegy* (Vytorin aux USA), comprimé à 10 mg d’ézétimibe et 20 ou 40 mg de simvastatine. L’indication de l’ézétimibe est l’hypercholestérolémie en complément d’une statine. Il a également l’indication sitostérolémie, maladie rare due à une absorption intestinale excessive et à une élimination insuffisante de sitostérol,  stérol d’origine végétale.

Lors des essais cliniques de courte durée, l’ézétimibe a abaissé de près de 20 % la concentration de LDL cholestérol plasmatique, sans effets indésirables notables. Mais ces études n’ont pas pour le moment permis de prouver que l’ézétimibe réduit la fréquence des accidents cardiovasculaires et qu’il retarde la mortalité toutes causes confondues, ni d’assurer sa bonne tolérance en utilisation prolongée.

Un essai clinique publié dans le NEJM du 3 avril 2008, intitulé « Simvastatin with and without ezetimibe in familial hypercholesterolemia », compare l’efficacité de la simvastatine seule, 80 mg par jour, et la simvastatine même dose + ézétimibe 10 mg par jour, sur le profil lipidique et sur l’altération de la paroi artérielle au niveau carotidien et fémoral. Les résultats obtenus au bout de 2 ans montrent que l’ézétimibe a accentué l’abaissement du LDL cholestérol et aussi de la protéine C-réactive mais sans exercer d’effets bénéfiques au niveau de la paroi artérielle. Diverses interprétations de cette discordance ont été avancées mais elles laissent planer un doute sur l’efficacité clinique de l’ézétimibe et, compte tenu des nombreuses interactions médicamenteuses possibles, incitent à restreindre sa prescription à des situations particulières.

Une autre étude publiée par le NEJM montre que la prescription d’ézétimibe seul ou associé à la simvastatine a, entre 2002 et 2006, considérablement progressé aux USA et au Canada mais aux USA, où une publicité directe auprès du public est possible, cette progression a été 4 fois plus importante. Il n’est donc pas nécessaire d’attendre les preuves de l’efficacité clinique d’un produit pour le promouvoir à grande échelle ! 

La formule chimique de l’ézétimibe est indiquée ci-dessous :

Chimiquement c’est un dérivé azétidinone, (cycle "carré", 4 liaisons, comportant un azote, substitué par un groupe cétone.

Les autres inhibiteurs de l’absorption intestinale de cholestérol sont des stérols et des stanols d’origine végétale, dont certains sont ajoutés dans des aliments du commerce. La prise concomitante de stérols végétaux et d’ézétimibe est illogique.

Cette inefficacité possible de l’ézétimibe n’est pas une raison pour revenir aux fibrates qui n’ont jamais fait la preuve indiscutable de leur efficacité pour réduire la mortalité toutes causes confondues, ni au bon clofibrate, retiré du commerce après une belle carrière car il augmentait la mortalité toutes causes confondues.

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