Paroxétine et tamoxifène, interaction pharmacocinétique avec conséquences cliniques

Le tamoxifène, Nolvadex* et génériques, est un des médicaments les plus utilisés dans le cancer du sein. Le tamoxifène, peu actif ou inactif par lui-même, est métabolisé en plusieurs produits inactifs et actifs. Les métabolites actifs, le 4-hydroxytamoxifène et surtout l’endoxifène, nécessitent pour leur formation l’intervention des cytochromes P450, notamment le CYP2D6, voir schéma ci-dessous. L’activation du tamoxifène par le CYP2D6  est abaissée en cas de déficience de l’enzyme et en cas d’inhibition de l’enzyme par un autre médicament (interaction médicamenteuse de type pharmacocinétique).

Un article publié dans le BMJ du 8 février 2010 montre que lorsque la paroxétine, Déroxat*, est utilisée sur une longue période parallèlement au tamoxifène chez des femmes ayant des troubles dépressifs (en plus du cancer du sein), le risque de mortalité est plus élevée que chez celles qui utilisent la fluoxétine, Prozac*, la sertraline, Zoloft* ou la venlafaxine, Effexor*. Ce résultat s’explique par le fait que la paroxétine inhibe particulièrement le CYP2D6 et empêche ainsi l’activation du tamoxifène.

En pratique chez une femme traitée par tamoxifène pour cancer du sein, si un état dépressif apparaît, il est sage d’éviter le recours à la paroxétine.

Cette interaction de connaissance récente n’est pas citée dans le RCP du Nolvadex*, tamoxifène. Par ailleurs le tamoxifène n’est pas répertorié dans le Dictionnaire Vidal 2010.

Schéma de la biotransformation du tamoxifène en métabolites actifs.

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