Antipsychotiques atypiques de deuxième génération : la fin de l’illusion ?

Au commencement étaient les neuroleptiques puis sont apparus les neuroleptiques atypiques que l’on a appelés antipsychotiques et pour mieux les différencier des autres on a ajouté de deuxième génération. Ces antipsychotiques de deuxième génération m’ont toujours posé problème car je n’ai jamais pu trouver dans la littérature d’arguments expérimentaux ou cliniques ou d’arguments chronologiques permettant de les différencier des autres neuroleptiques.J’ai déjà fait part de ma perplexité dans Pharmacorama, voir ici et

Une méta-analyse parue dans le Lancet du 3 janvier 2009,  intitulée « Second-generation versus first-generation antippsychotic drugs for schizophrenia : a meta-analysis » compare les effets bénéfiques et indésirables des neuroleptiques de première et de deuxième génération etarrive à la conclusion que les neuroleptiques de deuxième génération ne constituent pas une classe homogène, chaque produit (de la deuxième génération mais aussi de la première) a ses particularités, et que la deuxième génération n’est pas globalement supérieure à la première et que la classification antipsychotiques de deuxième génération a été la source de confusion et doit être abandonnée. Un éditorial paru dans le même numéro du Lancet intitulé « The spurious advance of antipsychotic drug therapy » que je traduirais par «  Progrès illusoire en matière d’antipsychotiques » souligne que cette nouvelle classification résulte d’un montage de l’industrie pharmaceutique.

Les deux articles montrent que les neuroleptiques ne forment qu’un groupe mais à l’intérieur de ce groupe chaque neuroleptique a ses caractéristiques particulières : efficacité sur les manifestations « positives » ou négatives, effets extrapyramidaux, poids, sédation, etc.  Ce qui n’est pas nouveau et renvoie à des classifications antérieures, neuroleptique sédatif, incisif, désinhibiteur et à la représentation des propriétés de chaque neuroleptique par une étoile à six branches, chaque branche de cette étoile indiquant une propriété particulière plus ou moins prononcée.

L’acceptation de la classification antipsychotiques de deuxième génération a été facilitée par le fait que les psychiatres, en pratique les seuls prescripteurs d’antipsychotiques, ne portent pas, pour la plupart d’entre eux, un intérêt suffisant aux données pharmacologiques. Mais à leur décharge il faut dire que la pression promotionnelle était forte et indirectement encouragée par les pouvoirs publics qui en accordant des prix de vente très élevés aux antipsychotiques dits de deuxième génération en ont fait une classe à part. En effet le traitement mensuel par neuroleptiques classiques revient à 5 ou 8 euros et le même traitement par olanzapine, Zyprexa*, ou aripitrazole, Abilify*, à plus de 110 euros. Un traitement par halopéridol, Haldol*, coute 38 fois moins cher qu’un traitement par Zyprexa*. Est-il 38 fois moins efficace ? Il serait peut-être temps de relever un peu le prix de certains neuroleptiques et d’abaisser beaucoup celui de certains autres.

Un peu dans le même esprit, un court article dans le NEJM du 8 janvier 2009, retrace l’histoire récente de la promotion musclée du Neurontin*, gabapentine, aux USA.

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