Diméthylfumarate dans la sclérose en plaques… et dans les fauteuils et les bottes provenant de Chine

Un article paru dans le Lancet du 25 octobre 2008, intitulé « Efficacy and safety of oral fumarate… », a comparé pendant 6 mois, chez 257 malades (les auteurs ont apparemment oublié de dire s’il s’agissait d’hommes ou de femmes) l’efficacité et la tolérance du diméthylfumarate à celle d’un placebo dans la sclérose en plaques avec poussées et rémissions récidivantes. Le diméthylfumarate, désigné par FG00012, à la dose de 240 mg trois fois par jour, a réduit l’aggravation des lésions cérébrales décelées à l’imagerie. Les effets indésirables signalés ont été essentiellement des troubles digestifs, des bouffées de chaleur ; contrairement à ce qui a été observé dans d’autres études, il n’y a pas eu d’anémie ni de neutropénie cliniquement significatives (« clinically significant » dans le texte !!!). Il faut attendre les résultats d’autres études pour savoir si le diméthylfumarate peut avoir une place  dans le traitement de la sclérose en plaques.

Un retour en arrière sur l’utilisation du diméthylfumarate en thérapeutique est nécessaire.

Les esters de l’acide fumarique ont été introduits en 1959 par le chimiste allemand Schweckendiek dans le traitement du psoriasis, localement et par voie générale. On pensait à ce moment-là que le psoriasis résultait d’un trouble du cycle tricarboxylique ou cycle de Krebs et  l’acide fumarique est un intermédiaire de ce cycle. En 1994 une préparation à base d’esters de l’acide fumarique a été commercialisée en Allemagne sous le nom de Fumaderm*, destinée au traitement du psoriasis. Pour en savoir plus sur l’utilisation du diméthylfumarate dans le traitement du psoriasis, voir 1 et 2.

 Plus récemment, les esters de l’acide fumarique, et plus particulièrement le diméthylfumarate le plus actif d’entre eux, ont fait l’objet d’un grand nombre d’études, surtout in vitro et chez l’animal. Ainsi, il a été montré une action bénéfique du diméthylfumarate dans une myocardite auto-immune expérimentalement provoquée.

Le mécanisme d’action du diméthylfumarate est inconnu. Et, comme toujours dans ces cas-là, on a une multitude d’explications, parmi lesquelles on peut citer la déplétion des tissus en glutathion, des modifications de la sécrétion de diverses cytokines, divers effets sur les voies de signalisation intracellulaire, et l’apoptose.

Dans l’organisme le diméthylfumarate est métabolisé surtout en monométhylfumarate, voir cet article.

Parallèlement aux précédents effets potentiellement bénéfiques du diméthylfumarate, ont été mis en évidence des effets néfastes comme les eczémas de contact. Le diméthylfumarate est classé parmi les produits sensibilisants de la peau et dangereux au contact des yeux. Le diméthylfumarate présent dans des fauteuils et des bottes fabriqués en Chine serait la cause de diverses dermatites, voir cet article.

 Formules chimiques :

Au total le diméthylfumarate fait parler de lui. Quel est véritablement son intérêt thérapeutique ? Son utilisation industrielle, sans doute comme fongicide, est-elle justifiée ? A t-il été utilisé d’une manière excessive ? Questions sans doute sans réponse claire.

Remarque : nous avons récemment parlé de l’alemtuzumab dans le traitement de la sclérose en plaques.

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