Effet indésirable évitable? CALCIBRONAT*

La déclaration des effets indésirables des médicaments est obligatoire. "Tous les professionnels de santé, médecins, pharmaciens, chirurgiens-dentistes, sages-femmes ayant constaté un effet indésirable grave ou inattendu susceptible d’être dû à un médicament doivent en faire la déclaration immédiate au centre régional de pharmacovigilance".

Pharmacorama, qui n’est pas concerné par la déclaration obligatoire, est simplement un lieu de formation qui cherche à faire ressortir à partir d’exemples concrets les connaissances qui permettraient de réduire la gravité et la fréquence des d’effets indésirables .La rubrique "effets indésirables … évitables ?" commence par un exemple qui illustre la manière dont il possible de procéder.

Les médecins et les pharmaciens qui ont observé des effets indésirables surtout ceux qui leur paraissent évitables peuvent le faire connaître dans les forums ou en proposant un article.

Observation #1 : CALCIBRONAT*, érythème noueux

Service de Dermatologie, CHU Dijon
A.C. GRESSET, J. P. TOURAUD et D. LAMBERT

Une femme de 34 ans est hospitalisée pour des lésions érythémateuses, nodulaires et douloureuses siégeant à la face antérieure des jambes et au niveau des bras et des seins.
Le bilan complet d’un érythème noueux ne trouve aucune étiologie: pas de tuberculose, de sarcoïdose, d’infection, de maladie inflammatoire, d’hépatite… Mais une hyperchlorémie conduit à suspecter la prise de CALCIBRONAT* qui est reconnue par la malade et confirmée par une concentration de 728 mg par litre de brome dans le plasma alors que la normale est inférieure à 10 mg par litre. Le CALCIBRONAT* est arrêté, les lésions nodulaires disparaissent progressivement et la bromémie se normalise. L’hospitalisation a duré 17 jours.

Les lésions nodulaires paraissent être la conséquence de la prise de CALCIBRONAT *, prise confirmée par l’élévation de la bromémie. Le bromure est connu pour pouvoir être à l’origine d’un érythème noueux ( voir "Manuel Merck" à érythème noueux).
Les dosages de brome ont été faits au Laboratoire de Pharmacologie, CHU Angers.

Commentaires

Le diagnostic d’un effet indésirable provoqué par le CALCIBRONAT* est difficile car les manifestations cutanées et neuropsychiques qu’il provoque sont diverses et se confondent avec celles que l’on voit dans de nombreuses maladies. Le diagnostic est évoqué lorsqu’on observe une hyperchlorémie qui se révèle être une fausse hyperchlorémie due au fait que beaucoup de méthodes de dosage du chlorure sont perturbées par le bromure. Quand ces méthodes seront spécifiques on passera à coté des intoxications au bromure. Le risque d’errances diagnostiques sera augmenté ainsi que les coûts, ici 17 jours d’hospitalisation!

Le diagnostic d’une surcharge en bromure nécessite le dosage du brome ou du bromure. On considère qu’une concentration plasmatique supérieure à 600 mg par litre entraîne des manifestations toxiques, dans l’observation citée elle était de 728 mg par litre. Les concentrations plasmatiques de bromure considérées comme thérapeutiques ne sont pas connues.

Le bromure s’élimine par le rein et toute insuffisance rénale augmente le risque d’accumulation ; la diminution de l’apport de chlorure (régime sans sel ) augmente la rétention de bromure par l’organisme.

Le bromure est il indispensable en thérapeutique?

Pour tenter de répondre à cette question consultons un livre de référence en pharmacologie, le" Goodman et Gilman, The Pharmacological Basis of Therapeutics", 6ème édition, 1975, où
il est écrit que les médicaments à base de bromure sont obsolètes, en anglais obsolete sans accent. Le bromure n’est plus mentionné dans les ouvrages de pharmacologie sauf dans "Pharmacologie, les médicaments" où il est cité pour rappeler le risque d’intoxications.

Cet effet indésirable était il évitable?

Il nous semble qu’une meilleure information du malade, du pharmacien et du médecin devrait conduire à une réduction des effets indésirables du CALCIBRONAT* en attendant d’éventuelles modifications des mentions légales par le laboratoire pharmaceutique et l’AFSSAPS (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé).

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