Le terme de vitamine E désigne, en fait, une famille de substances dont la plus active biologiquement est l’ a-tocophérol.
Structure
Les vitamines E sont constituées d’un noyau 6-chromanol et d’une chaîne latérale isoprénoïde de 16 atomes de carbone, dont 3 asymétriques, ce qui entraîne la possibilité d’existence de nombreux isomères. Les tocophérols, en absence d’oxygène, sont stables à la chaleur et à la lumière, mais, en présence d’oxygène, malgré leurs propriétés anti-oxydantes, ils s’oxydent pour former une quinone.
Les aliments les plus riches en vitamine E sont les huiles d’origine végétale.
Métabolisme
Dans l’intestin, les esters de la vitamine E (c’est l’OH du cycle chromanol qui est estérifié par des acides) sont hydrolysés et libèrent la vitamine E. En présence de sels biliaires, la vitamine E est absorbée par les entérocytes où elle est incluse dans les chylomicrons et suit leur absorption.
Dans le sang, elle est transportée par les lipoprotéines, en particulier les LDL. Les concentrations plasmatiques normales de vitamine E sont de l’ordre de 12 mg/L avec, selon les références, un intervalle allant de 8 à 16 mg/L.
Les tissus qui contiennent les concentrations les plus élevées de vitamine E sont les graisses, certaines glandes endocrines et les thrombocytes.
Au niveau cellulaire, la vitamine E est présente à forte concentration dans les membranes et les mitochondries. Dans les membranes, le tocophérol est orienté, le noyau chromane à la surface de la cellule et la chaîne phytyl incrustée dans la bicouche lipidique. Il y a environ une molécule de tocophérol pour 1 000 molécules d’acides gras.
La vitamine E est peu ou pas métabolisée dans l’organisme.
L’apport recommandé, RDA (recommanded dietary allowance), est de l’ordre de 10 mg à 30 mg/jour, les besoins augmentant avec l’apport d’acides gras insaturés dans l’alimentation.
Effets
Le principal effet de la vitamine E est son action anti-oxydante. On sait depuis longtemps que la vitamine E stabilise in vitro les acides gras insaturés et les protège contre le rancissement qui s’effectue en présence d’oxygène. Le rancissement comporte la formation de radicaux qui, en présence d’oxygène, donnent des peroxydes selon une réaction en chaîne.
La vitamine E s’oppose à la peroxydation des acides gras en peroxydes par réactions radicalaires.
Le noyau chromane, oxydé sur le groupe OH lors des réactions radicalaires, est transformé en a-tocophérol radical, relativement stable, donc peu réactif, et qui est de plus régénéré en tocophérol par l’acide ascorbique ou le glutathion selon le schéma suivant :
Carence
Il n’y a guère de symptômes spécifiques de la carence en vitamine E dans l’espèce humaine. Dans certaines circonstances particulières, des troubles neurologiques et musculaires liés à une carence ont été décrits. Chez les prématurés la déficience en vitamine E peut être à l’origine d’une anémie hémolytique et augmenterait le risque d’atteinte rétinienne.
Utilisation
Compte-tenu de l’importance que l’on accorde aux réactions radicalaires, désignées souvent sous le terme de stress oxydatif, dans le développement de diverses maladies cardiovasculaires, neurologiques et cancéreuses ainsi que dans le vieillissement, compte-tenu, d’autre part, de l’effet anti-oxydant indiscutable de la vitamine E, elle a été prescrite dans de très larges indications.
- Prévention de l’athérosclérose
- La majorité des études épidémiologiques consacrées à la vitamine E, seule ou associée à la vitamine A ou au ß–carotène, arrivent à la conclusion qu’elle a un effet bénéfique dans la prévention des accidents cardiovasculaires d’origine athéromateuse, bien que les différences observées dans certaines études ne soient pas statistiquement significatives.
- Prévention des cancers
- Malabsorption intestinale
- Fibroplasie rétrolentale
- Certaines maladies neurologiques
Au total, en dépit de nombreux indices favorables, l’efficacité d’une supplémentation en vitamine E dans la prévention des accidents cardiovasculaires, des cancers et du vieillissement reste encore à évaluer. La difficulté de cette évaluation provient du fait que l’alimentation apporte de la vitamine E en quantité parfois élevée, mais variable selon les sujets, et qu’on la propose dans le traitement de maladies d’origine multifactorielle.
La vitamine E a peu d’effets indésirables, cependant, à doses journalières supérieures à 600 mg, quelques uns, peu graves, ont été signalés.
Globalement une unité internationale de vitamine E correspond à 1 mg d’alpha-tocophérol.