Le mercure n’a aucun rôle physiologique et peut être à l’origine d’intoxications dont la symptomatologie dépend de la forme sous laquelle il est présent. Nous n’aborderons ici que les aspects concernant l’utilisation médicale du mercure.
Mercure élémentaire
Le mercure élémentaire ou métallique comme celui des thermomètres, en particulier des thermomètres médicaux, est sous forme liquide à température ambiante. Ingéré par voie buccale, il est très peu absorbé et a une faible toxicité. Mais il est volatil et, sous forme gazeuse, il est absorbé par voie pulmonaire et oxydé par la catalase érythrocytaire en mercure divalent Hg++. Il se distribue dans les tissus, y compris le cerveau, et l’intoxication se traduit par des symptômes neuropsychiatriques. En cas de bris d’un thermomètre, le mercure se trouvera à forte concentration dans l’air d’une pièce mal ventilée.
Le mercure est le principal composant des amalgames dentaires utilisés traditionnellement. Ces amalgames peuvent libérer de faibles quantités de mercure sous forme volatile et sous forme soluble dans la salive. Les amalgames dentaires à base de mercure ont été suspectés d’être à l’origine de certains troubles neurologiques mais ceci n’a pas été démontré. La dépose des amalgames intacts en vue de les remplacer par des résines – si elle est décidée – comporte des risques car il y a une libération importante de mercure lors de la dépose et il faut éviter son absorption par aspiration de l’air et de la salive
Organomercuriels
Dans les composés organomercuriels, le mercure est lié par une liaison covalente à un atome de carbone formant un alkyl-mercure.
Sous cette forme il a été utilisé en thérapeutique comme diurétique et antiseptique. Il n’est plus utilisé que comme antiseptique.
Les dérivés du mercure utilisés comme antiseptiques étaient le thiomersal ou mercurothiolate, la merbromine ou mercurescine et le mercurobutol.
Le mercure se lie facilement aux molécules comportant un atome de soufre. Il inhibe les enzymes où les groupes SH interviennent. Son effet antiseptique résulterait de son affinité pour les groupes SH.
Les dérivés mercuriels sont de moins en moins utilisés en thérapeutique. Compte tenu de leur absence d’effet bactéricide, ils ont des indications très limitées.
Le mercurothiolate ou thiomersal a été largement utilisé comme conservateur et antiseptique dans la préparation de divers vaccins.
Le mercurobutol et la merbromine étaient utilisés comme antiseptiques mais ils ne sont plus commercialisés : les médicaments qui en contenaient ont parfois gardé le même nom alors que leur composition a changé, le mercure étant remplacé par un autre antiseptique. Le thiomersal est encore présent dans un collyre, le VITASEPTOL*.
Effets indésirables
Les intoxications mercurielles sont en général d’origine professionnelle ou volontaire, rarement d’origine médicamenteuse.
Utilisés de façon brève et peu fréquente, les antiseptiques mercuriels ne sont pas toxiques, ils peuvent toutefois entraîner des phénomènes de sensibilisation oculaire ou cutanée.
Appliqués d’une manière extensive ou d’une manière répétée sur une peau lésée, ils peuvent donner des manifestations toxiques; ainsi la merbromine a provoqué des encéphalopathies chez les nouveaux-nés.
Le principe du traitement des intoxications mercurielles est d’administrer des molécules à groupe SH comme le dimercaprol ou BAL, l’acide dimercaptosuccinique ou DMSA, le dimercaptopropane sulfonate ou DMPS, la pénicillamine, la cystéine, l’acétylcystéine, qui en se liant au mercure favorisent son élimination.