Prescrire, déprescrire, chez la personne âgée

Prescrire, c’est-à-dire ordonner la prise d’un ou de plusieurs médicaments et éventuellement recourir à d’autres moyens thérapeutiques, déprescrire, ordonner l’arrêt d’un ou plusieurs médicaments ou de tout autre moyen thérapeutique, est une tâche difficile, particulièrement chez le sujet âgé. Déprescrire est un néologisme (en anglais deprescribing).

Prescrire à bon escient repose sur les résultats  des essais cliniques et en pratique sur les données des RCP censées traduire les résultats des essais cliniques ainsi que sur les consensus du moment. Les essais cliniques sont menés, en règle générale, sur des adultes ayant une pathologie relativement bien ciblée et non sur des personnes âgées. Si bien que l’on  prescrit à la personne âgée le même traitement qu’à un adulte. Même si on sait par exemple que les personnes âgées,  après une vaccination, produisent moins d’anticorps que les adultes, on utilise la même posologie de vaccin que chez les adultes par crainte d’effets indésirables.

Mais la personne âgée présente inéluctablement, tôt ou tard, une pathologie complexe, plusieurs fonctions, plusieurs organes sont simultanément touchés, notamment les fonctions sensorielles comme l’audition, la vision, ce qui nécessite d’emblée l’adaptation des modalités de prescription, rédiger lisiblement, expliquer clairement au malade lui-même et à son entourage. De plus la multiplicité des pathologies conduit presque inévitablement à la multiplicité des prescriptions, chaque spécialiste voulant traiter au mieux la pathologie de sa spécialité avec un risque élevé d’interactions médicamenteuses. Il existe des tableaux d’interactions médicamenteuses mais je pense que le plus simple pour connaître les interactions est de consulter le RCP des médicaments prescrits, voir la Base des données publique des médicaments, en principe accessible à tous, ou le Dictionnaire Vidal à accès réservé. Au total les personnes âgées prennent beaucoup, beaucoup de médicaments par différentes voies : orale, injectable, oculaire, bronchique, cutanée. Gérer la prise de médicaments peut devenir une véritable occupation et il est souvent souhaitable d’alléger le traitement, d’élaguer, c’est à dire de déprescrire certains médicaments pris sur prescription ou en automédication.

Déprescrire. Ordonner l’arrêt de la prise d’un médicament est sans doute plus difficile que d’en prescrire un nouveau. Différentes situations peuvent schématiquement être envisagées:

  • un nouveau diagnostic est porté et on arrête les médicaments qui ne conviennent plus.
  • la personne âgée va relativement bien mais le traitement paraît trop lourd, un allègement semble souhaitable, mais on réfléchit à deux fois avant d’arrêter un médicament, ceci d’autant  plus que le médicament a été prescrit par un autre médecin.
  • il y a une aggravation de l’état de santé de la personne âgée, alors il faut se demander s’il s’agit d’un effet indésirable d’un des médicaments prescrits. Si c’est le cas, tenter de trouver le suspect et l’arrêter ou le remplacer. Si c’est l’aggravation de la maladie alors il faut reprendre les choses à la base.

Dans tous les cas, recommander une activité physique adaptée, généralement modérée, et tenter de maintenir une activité cognitive.

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