Le scandale des nouveaux anticancéreux

On peut continuer à se gargariser avec l’affaire du Médiator et à se mettre un bandeau devant les yeux pour ne pas voir d’autres dysfonctionnements plus importants encore, organisés par l’industrie pharmaceutique avec la connivence du pouvoir politique à l’échelle internationale, européenne et française, concernant notamment les anticancéreux. La quasi-totalité des anticancéreux récents sont des médicaments sans intérêt et pourtant vendus à des prix exorbitants. J’ai déjà écrit à plusieurs reprises à ce sujet, voir par exemple ce texte et celui-ci.

Qu’il soit difficile de découvrir de nouveaux anticancéreux plus efficaces et mieux tolérés que les anciens est une évidence. Mais cette difficulté ne justifie pas que l’on continue à commercialiser  de « nouveaux anticancéreux » dont l’intérêt clinique inexistant est masqué derrière des considérations savantes et à les rembourser à des prix faramineux. Au moins 9 essais cliniques d’anticancéreux sur 10 donnent des résultats cliniquement insignifiants sur la durée globale de survie et ont en général plus d’effets indésirables que les anciens médicaments. Au moins 9 sur 10 des essais cliniques sont initiés par l’industrie pharmaceutique, les médecins qui y participent ont l’illusion de faire de la recherche clinique et les malades qui acceptent d’entrer dans les protocoles ont le plus souvent plus à perdre qu’à gagner.

Du fait que le pouvoir politique accepte, moyennant le respect du cérémonial de demande d’AMM, de commercialiser à peu près n’importe quel produit « toxique » comme anticancéreux et de le rembourser à un prix astronomique, pousse l’industrie pharmaceutique à privilégier la sortie rapide et incessante de produits nouveaux sans intérêt plutôt que de s’évertuer à trouver quelques médicaments véritablement innovants. Et lorsqu’un laboratoire pharmaceutique a réussi à commercialiser un produit médiocre sans aucune ASMR, on peut être sûr que les laboratoires concurrents vont sortir le lendemain des « me-too » eux aussi sans intérêt et leur obtenir de « bons » prix de vente.

Une plus grande rigueur en matière d’AMM réduirait la tentation de l’industrie pharmaceutique de concevoir des essais cliniques alambiqués et ruineux destinés à convaincre les naïfs  de l’utilité de commercialiser des produits sans intérêt pour le malade.

La sortie incessante de nouveaux anticancéreux fait que les cancérologues ne peuvent pas bien connaître les médicaments qu’ils prescrivent : le nombre croissant de médicaments à leur disposition et la multitude de combinaisons possibles rendent quasi impossible l’acquisition de données solides.

Et le malade ? Il est nécessairement dans une position d’infériorité par rapport au médecin et est prêt à suivre toute lueur d’espoir, même vacillante, et à essayer tout produit nouveau, surtout s’il est cher ! Ce n’est pas du côté du malade ou du médecin prescripteur que l’on peut agir mais du coté du pouvoir politique qui ne fait pas correctement son travail.

Enfin, à propos des anticancéreux, signalons que beaucoup d’entre eux, sont prescrits en fonction de la surface corporelle, ce qui est une ineptie, et laisse supposer que ceux qui l’utilisent n’ont pas compris  que les concepts de pharmacocinétique reposent sur des volumes. Pour plus d’information voir 1, 2, 3, 4.

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