Des antinéoplasiques à la pelle

La littérature médicale internationale publie continuellement des résultats d’essais cliniques effectués avec de nouveaux anticancéreux susceptibles d’être commercialisés à court terme.

Les résultats des essais cliniques des anticancéreux sont souvent présentés d’une manière si peu accessible que l’on s’interroge sur sa propre incompétence tout en étant quand même persuadé que, si les résultats bruts concernant notamment la mortalité globale étaient donnés, on serait capable de se faire une meilleure idée de l’intérêt du médicament. Quand une nouvelle molécule est testée  dans un cancer à évolution rapidement mortelle on aimerait connaître d’emblée son influence sur la mortalité toutes causes confondues ou survie globale, à des temps donnés 6 mois, 1 an, avant de savoir si l’évolution de la maladie mesurée avec des techniques sophistiquées (réponse partielle, réponse complète, réponse biologique…) a été modifiée. Dans les maladies à évolution rapidement fatale la mortalité globale est le critère le plus indiscutable, le plus compréhensible, elle prend en compte les effets bénéfiques et aussi les effets indésirables parfois très graves de ce type de médicament. Comme la quasi-totalité des essais sont sponsorisés, c’est-à-dire financés, par l’industrie pharmaceutique, on a tendance à penser que les présentations complexes sont destinées à masquer l’absence de progrès réels cliniquement indubitables.

Quant au mécanisme d’action de ces nouveaux anticancéreux on a l’impression que l’industrie pharmaceutique cherche à le singulariser, à insister sur l’originalité de la molécule plutôt que de faire un rapprochement avec des molécules existantes. Les voies de signalisation intracellulaire sont innombrables, à la manière d’une carte routière plus ou moins détaillée, interdépendantes, interconnectées, mettant en jeu une multitude de molécules à effet synergique ou opposé.

Voici quelques nouveaux médicaments anticancéreux :

Trametinib dans le mélanome malin

Le tramétinib est un inhibiteur sélectif de la voie de signalisation intracellulaire MEK1 et MEK2, actif par voie orale. Un essai clinique publié dans le NEJM montre que le tramétinib, à la dose de 2 mg par jour par voie orale, chez des malades présentant un mélanome métastatique avec la mutation BRAF V600E ou V600K augmente, comparativement à une chimiothérapie conventionnelle, la survie sans progression de la maladie et la survie globale mais les résultats bruts ne sont pas clairement donnés.

Vismodegib dans le carcinome basocellulaire

Le vismodegib est un inhibiteur du SMO, smoothened homologue, intervenant dans la régulation de la voie hedgehog. Un essai clinique du vismodegib chez des malades avec carcinome basocellulaire avancé ou métastatique a été publié dans le NEJM du 7 juin 2012. L’article ne donne pas d’indication sur la mortalité globale, il indique cependant que 7 malades sont décédés à cause des effets indésirables du médicament.

Anticorps anti-PD-1, Anticorps anti PD-L1

Le NEJM a publié 2 articles concernant 2 anticorps : un article concerne l’anticorps anti-PD-1, l’autre article concerne l’anticorps anti-PD-L1,PDpour Programmed Death, L pour Ligand. Ces anticorps ont été testés chez des malades atteints de cancers à évolution rapidement mortelle. Les résultats semblent favorables mais sont difficiles à évaluer.

Vandétanib, Caprelsa*, inhibiteur de tyrosine kinase

Santé Canada souligne les dangers du vandétanib commercialisé au Canada sous le nom de Caprelsa* avec l’indication cancer médullaire de la thyroïde : entre autres effets indésirables il allonge l’intervalle QT et peut être à l’origine de torsades de pointes et de mort subite. Le vandétanib n’a pas semblé prolonger la durée de survie globale des malades comparativement au placebo.

Afatinib, inhibiteur d’ErbB

L’afatinib n’a pas prolongé la durée de survie globale des malades atteints d’adénocarcinome, voir cet article.

Dobrafénib, inhibiteur de BRAF kinase

Le dobrafenib, inhibiteur de BRAF kinase, dans un essai de phase 1 chez des malades atteints de mélanome métastatique et autres cancers à évolution rapidement mortelle, a ralenti l’aggravation de la maladie mais les résultats de survie globale ne sont pas donnés.

Pertuzumab, Perjeta* aux USA,  anticorps anti HER2

Le pertuzumab, anticorps anti HER2, obtenu de la FDA son autorisation de commercialisation de la FDA sous le nom de Perjeta* avec l’indication cancer du sein métastatique HER2 positif. Je ne sais pas s’il prolonge la durée de survie globale.

La sortie incessante de nouveaux anticancéreux provient de la trop grande facilité avec laquelle sont accordées les AMM sur le plan international, ce qui conduit les laboratoires pharmaceutiques à entrer en compétition pour avoir chacun son ou ses nouveautés qui coûtent très cher même quand leur intérêt est limité. Le durcissement des conditions d’obtention des AMM obligerait les laboratoires pharmaceutiques à réduire la quantité au profit de la qualité.

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