Valeur pronostique de quelques paramètres biologiques pour l’évaluation du risque cardiovasculaire

Une bonne appréciation du risque d’accidents cardiovasculaires devient nécessaire dans la mesure où l’on dispose de médicaments efficaces comme les statines car, s’il est peu utile de protéger ceux qui spontanément ne feraient pas d’accidents, il faut améliorer la protection de ceux qui en feraient.

Nous analysons quatre articles parus dans le New England Journal of Medicine étudiant l’intérêt de quelques paramètres biologiques autres que le cholestérol : la lipoprotéine Lp(a), la protéine C-réactive (CRP), la myéloperoxydase et la glutathion peroxydase.

Dans le travail de A .A Ariyo et collaborateurs , la lipoprotéine a, Lp(a) a été mesurée dans le plasma d’américains apparemment bien portants, âgés de plus de 65 ans et qui ont été suivis pendant plus de 7 ans. Les accidents cardiovasculaires et cérébrovasculaires ainsi que la mortalité totale ont été répertoriés. L’étude a montré qu’une concentration élevée de Lp(a) était corrélée à une augmentation des accidents vasculaires cardiaques et cérébraux et de la mortalité chez les hommes mais pas chez les femmes. Le dosage de Lp(a) n’aurait donc guère d’intérêt chez la femme, du moins, comme dans cette étude, chez celles de plus de 65 ans.

La protéine C-réactive, CRP, est un marqueur de l’inflammation . Sa concentration est légèrement augmentée chez les personnes qui font des accidents cardiovasculaires. L’article de John Danesh et collaborateurs montre effectivement qu’une élévation de la concentration de la CRP est un facteur de risque de troubles coronariens mais que l’intérêt de sa mesure a peut-être été surestimée par les études antérieures. L’article montre qu’une vitesse de sédimentation sanguine élevée est aussi un facteur de risque cardiovasculaire. Il s’agit là évidemment de deux paramètres très peu spécifiques mais dont les valeurs, lorsqu’elles sont basses, peuvent être considérées comme un indice favorable.

La myéloperoxydase plasmatique, enzyme d’origine leucocytaire contenant un atome de fer, est désignée souvent par MPO, voir Oxygène et réactions radicalaires.

Selon le travail de M-L Brennan , une concentration plasmatique élevée de myéloperoxydase est un facteur de risque d’infarctus du myocarde et de décès, dans l’immédiat et jusqu’au 6 ème mois après le dosage qui a été la durée d’observation de l’étude. La myéloperoxydase constitue sans doute un mécanisme de défense dont l’élévation témoigne d’un processus pathologique en cours.

La glutathion peroxydase 1 est une enzyme à sélénium impliquée dans les mécanismes de défense contre les conséquences des réactions radicalaires, voir Oxygène et réactions radicalaires.

Une étude allemande, S. Blankenberg , a montré qu’une faible activité de la glutathion peroxydase des globules rouges est un facteur de risque d’accidents cardiovasculaires, autrement dit la fréquence des accidents cardiovasculaires est plus faible chez ceux qui ont une activité glutathion peroxydase élevée. La concentration plasmatique de sélénium était plus basse chez ceux qui ont fait des accidents que chez ceux qui n’en ont pas fait, mais pas statistiquement différente.

La mesure des paramètres précédemment cités est-elle de nature à modifier le jugement d’un médecin qui disposerait déjà des résultats de l’examen clinique et des dosages de cholestérol, notamment s’il hésite, en prévention primaire, à mettre en route un traitement par une statine ?

Les paramètres cités n’explorent pas les mêmes processus pathologiques que le cholestérol et constituent un faisceau d’indices: normaux ils pourront conduire à éviter la mise en route de certains traitements et à réduire les dépenses de médicaments, anormaux à intensifier le traitement. La myéloperoxydase plasmatique en particulier, lorsqu’elle est élevée, semble avoir, par rapport au cholestérol, l’avantage d’être un facteur témoignant d’un risque immédiat ou proche, dans les mois qui suivent. La pratique de ces examens de laboratoire a évidemment un coût qui devrait être compensé par l’amélioration des diagnostics et des traitements.

En France, actuellement, le dosage de CRP est effectué en routine par la plupart des laboratoires d’analyses médicales, le dosage de Lp(a) est pratiqué moins couramment mais plusieurs laboratoires le font. Par contre les dosages de la myéloperoxydase plasmatique et de la glutathion peroxydase des globules rouges ne sont pratiqués que par quelques laboratoires d’analyses médicales auxquels les autres adressent leurs prélèvements.

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