Médicaments et bâillements

Réponses du Docteur Olivier Walusinski, médecin généraliste, spécialiste du bâillement, aux questions de Pierre Allain

P. A. : Rien de ce qui concerne le bâillement ne vous est étranger. Comment êtes-vous venu à vous intéresser au bâillement et à créer le site baillement.com si bien documenté…

O. W. : Voilà bientôt trente ans que j’exerce la médecine générale rurale. Et, voici plus de vingt ans, un homme est venu me voir parce qu’il était importuné par des salves irrépressibles de bâillements, 10 à 20 à la suite, plusieurs fois par jour. Je ne connaissais rien à ce sujet et n’avais aucun souvenir d’avoir lu la moindre chose s’y rapportant. Je m’étais moi-même interrogé bien des fois sur le pourquoi de mes propres bâillements. Comme je fréquente assez souvent le staff de neurologie de
La Salpêtrière, j’ai interrogé O. Lyon-Caen et Y. Agid sur ce cas. Je me suis aperçu de leur embarras.
J’ai alors entrepris des recherches à la bibliothèque de la faculté de médecine et ai constaté que seulement trois thèses avaient été consacrées au bâillement au XX° siècle en France. L’interrogation de pubmed par le mot anglais "yawning" donne moins de 600 références d’articles parus depuis 1980, ce qui est bien peu par rapport aux autres sujets. J’ai commencé à collecter des articles et à interroger les malades qui me consultaient sur leurs bâillements. J’ai conduit une petite étude en 1998 sur la fréquence, les horaires, etc, des bâillements des consultants, étude publiée en 2000 dans La Revue du Praticien, qui a généré quelques courriers d’interrogations de confrères confrontés, eux aussi, à des plaintes sans réponse. En 1998, internet est arrivé dans ma pratique et, en 2000, est née l’idée de créer un site sur le bâillement afin de faire partager tout ce que j’avais appris. J’ai réussi à mettre en ligne la première version du site le 1er janvier 2001.

P. A. : Avant d’aborder médicaments et bâillements, il me semble nécessaire de préciser un certain nombre de points. Tout d’abord qu’est-ce qu’un bâillement ?

O. W. : Le bâillement est un comportement réflexe présent chez tous les vertébrés des mondes sous-marin, terrestre et aérien. Son déroulement voit se succéder une ample contraction de tous les muscles respiratoires, un bref arrêt respiratoire à thorax plein et une expiration passive. Cet étirement diaphragmatique maximal s’associe souvent à un étirement du tronc et des membres, d’aspects variables suivant les espèces. Décelable très précocement, dès la douzième semaine de grossesse chez l’homme, il témoigne, chez le fœtus, de l’apparition progressive des fonctions végétatives. Il naît, en effet, du tronc cérébral et de l’hypothalamus, structures impliquées dans les comportements vitaux essentiels : la régulation circadienne des alternances veille sommeil, l’alimentation, la sexualité et la reproduction. Il garde chez l’homme une fonction commune avec les animaux : la stimulation de la vigilance, lors de l’éveil ou du besoin de sommeil.

P. A. : Y a-t-il des circonstances où l’on bâille davantage? Quelle est la fréquence journalière des bâillements ?

O. W. : Chez les mammifères, il existe des bâillements liés aux rythmes circadiens repos activité, à la sexualité ou à des interactions sociales et à l’alimentation. Chez l’homme, les moments privilégiés d’apparition sont le matin au réveil, où il est associé à des étirements musculaires (pandiculation), et à l’approche de l’endormissement, où il est isolé, ainsi que dans toutes les circonstances de baisse de la vigilance. L’enquête que j’avais réalisée en 1998 retrouvait la prédominance des bâillements au réveil, associés aux étirements et au coucher sans étirement. Un questionnaire anonyme rempli par les visiteurs du site baillement.com représente, malgré tous ses défauts méthodologiques, la plus grande enquête jamais réalisée sur la fréquence des bâillements chez l’homme.
Sur 800 réponses aux deux questions suivantes on trouve :

Combien de fois bâillez-vous par jour ?

moins de 5 fois

27%
5 à 10 bâillements 26%
10-15 bâillements 15%
15-20 bâillements 10%
plus de 20 bâillements 22%

Ressentez-vous des bâillements excessifs ?

76 % non, tant mieux
25% oui et je ne sais pas pourquoi
6% oui et je prends des antidépresseurs
14% oui et je prends des anti-épileptiques
5% oui et je prends d’autres médicaments
3% oui et j’ai des troubles neurologiques
2% oui et j’ai des troubles hormonaux
3.5% oui et j’ai des tics moteurs
2% oui et j’ai des tocs

Ainsi, il faut retenir que plus de 20% des visiteurs bâillent plus de 20 fois par jour. 25% trouvent qu’ils ont un nombre excessif de bâillements qui les gênent, et ne connaissent pas la cause de leurs bâillements. Le bâillement est associé à la somnolence, que ce soit en état de fatigue à l’approche de l’endormissement, ou au sortir de celui-ci au réveil. L’ennui générateur d’une baisse de la vigilance favorise les bâillements, comme le travail monotone et répétitif. La grossesse, la plénitude gastrique ou le jeûne sont des circonstances où la fréquence des bâillements augmente. Le mal des transports ou cinétose peut débuter par des crises de bâillements répétés. Il n’existe pas de différence de fréquence des bâillements chez l’homme et la femme, contrairement à ce que l’on observe chez les primates non humains et les rongeurs, où cette fréquence dépend de la présence de testostérone.

P. A. : Y a-t-il des bâillements pathologiques, certains bâillements peuvent-ils évoquer des atteintes neurologiques par exemple ?

O. W. : Le bâillement est un phénomène physiologique qui peut être déréglé et devenir pathologique par diminution ou par excès.
En cas de déficit dopaminergqiue, comme on l’observe dans les syndromes extra-pyramidaux (maladie de Parkinson) le bâillement disparaît. Voir : Yawning in Parkinson’s disease

A l’opposé, les atteintes du tronc cérébral ou de la région hypothalamo-hypophysaire peuvent provoquer des excès de bâillements. Vous pouvez lire certaines observations sur le site. Voir : Bâillements et troubles neuro-psychiatriques

Une observation adressée d’Afrique du Sud est exceptionnelle car la pathologie présentée est rare et les symptômes vraiment inhabituels. Il s’agit, je pense, d’un cas d’épilepsie diencéphalique avec des suspensions de vigilance contemporaines de salves de bâillements. Voir : Excessive yawning and sleepy attacks

Des salves de bâillement peuvent révéler un accident vasculaire cérébral, comme l’a rapporté un confrère. Pendant sa garde, une vieille dame, amenée aux urgences de l’hôpital pour malaise, avait une logorrhée. Un examen rapide n’avait rien révélé. C’est la constatation de salves répétées de bâillements qui a attiré son attention. En reprenant son examen neurologique il a constaté une hémiparésie fruste et le scanner a confirmé l’accident ischémique cérébral. Voir : Le bâillement qui rend attentif…et qui sauve

Le bâillement est un symptôme fréquent avant ou après la crise de migraine, associé aux nausées. Certains migraineux pressentent leur crise lorsque des bâillements répétés surviennent, véritable aura. Un confrère m’a confirmé que c’était son cas. Voir : Compulsive yawning as migraine premonitory symptom et Primary yawning headache.

Enfin, je pense que dans certains cas, des salves de bâillements associées à d’autres tics moteurs, sont une manifestation de la maladie des tics chroniques.
Parmi les cas impressionnants rapportés par les neurologues du XIX siècle, comme Charcot ou Gilles de la Tourette, et qu’ils baptisaient hystérie, certains sont des témoins d’atteinte hypophysaires (aménorrhée) et/ou d’hypertension intracrânienne mais d’autres relèvent de tics moteurs (confondus avec la chorée à l’époque). Voir Contribution à l’étude des bâillements hystériques – Nouvelle iconographie de La Salpêtière 1890 et Bâillements chez un épileptique.

Par ailleurs, rappelons, en passant, que le bâillement est la première cause de luxation de la mâchoire !

P. A. : La physiopathologie du bâillement est certainement très complexe; pouvez-vous cependant donner quelques aperçus la concernant, par exemple les médiateurs les plus impliqués?

O. W. : L’administration de différentes substances aux rongeurs, chats, chiens, singes, a permis de comprendre une part de la neurophysiologie du bâillement. La dopamine joue un rôle essentiel. Ainsi, de faibles doses d’apomorphine, agoniste dopaminergique, induisent des bâillements et des érections. Le bâillement disparaît dans les syndromes extrapyramidaux où il y a un déficit en dopamine et un parkinsonien recevant une injection d’apomorphine pressent son déblocage par l’apparition de bâillements.
La sérotonine favorise le bâillement en exerçant une modulation présynaptique des systèmes dopaminergiques.
L’ocytocine les favorise également alors que les opioïdes les inhibent.
Enfin l’acétylcholine est le maillon commun terminal des mécanismes déclenchant les bâillements.
D’autres médiateurs interviennent, il s’agit de mécanismes complexes, et je renvoie pour plus d’informations à ces articles :Le bâillement en neuropsychopharmacologie clinique et The neuropharmacology of yawning.

P. A. : Venons-en aux médicaments. Quels sont les médicaments qui provoquent des bâillements ou augmentent leur fréquence? Les médicaments qui favorisent le sommeil ou provoquent de la somnolence augmentent-ils les bâillements?

O. W. : Il peut paraître présomptueux de vouloir établir une liste alors qu’aucun article n’a jamais été publié sur ce sujet. Constater une éruption ou une crise convulsive implique immédiatement de rechercher une cause et l’hypothèse d’une origine iatrogène peut être envisagée. Mais bâiller constitue un acte physiologique. La frontière entre bâillements normaux ou excessifs est floue. C’est la notion de gêne ressentie qui fait témoigner un patient. Or certaines des pathologies traitées ont comme symptôme l’asthénie ou des troubles du sommeil. Les bâillements auront plus souvent tendance à être expliqués par la maladie que comme effet des médicaments prescrits pour la traiter. C’est sans doute là une des explications de la sous-déclaration d’excès de bâillement comme effet iatrogène. Quand à la disparition des bâillements, elle n’a, en pratique, aucune conséquence et donc n’amènera ni le patient ni le médecin à s’en préoccuper.
De nombreux médicaments utilisés en neurologie et en psychiatrie entraînent une augmentation de la fréquence des bâillements. Tout d’abord les dopaminomimétiques, notamment l’apomorphine :
L’apomorphine utilisée à dose élevée dans la maladie de Parkinson (Apokinon* 30mg/inj) provoque des bâillements décrits par les patients non comme une gêne mais comme l’annonce du déblocage attendu et témoigne du début de l’effet du traitement. L’apomorphine à plus faible dose (Ixense* ou Uprima* 2 & 3mg sublingual), est utilisée dans l’impuissance. Les RCP de Ixense* et Uprima* indiquent le bâillement comme un effet secondaire.
Autres dopaminomimétiques : bromocrytpine, Parlodel*, lisuride, Dopergine*, ropirinole,Requip*, pergolide, Celance*, l’amantadine, Mantadix*, les IMAO B, sélégiline Déprényl*,piribedil Trivastal*. Voir 1, 2, 3, 4, 5 et 6 articles complémentaires:

Le bâillement peut être induit par les inhibiteurs de la recapture de sérotonine : fluoxétine Prozac*, paroxétine, Deroxat*, sertraline, Zoloft* , citalopram, Seropram*.
Voici un cas clinique personnel : Mme B., 78 ans a pris, pendant 6 mois, 50 mg par jour de sertraline (Zoloft). Elle signale au bout de ce délai de traitement l’existence de salves de bâillements, existantes depuis le deuxième mois du traitement. Elle se sent mieux, n’est plus asthénique, et a un bon sommeil. Elle s’interroge sur leur cause. Je lui ai expliqué que je pensais à un cause médicamenteuse. L’arrêt du traitement , dont la prolongation n’est plus justifiée a effectivement permis la disparition des salves en une dizaine de jours. Cohen rapporte une observation semblable de bâillements, associée à une excitation sexuelle préorgasmique. Il a traité cette patiente par de la cyproheptadine (Periactine*) ce qui a fait disparaître les deux effets secondaires.

Curieusement, les imipraminiques (clomipramine, imipramine (Anafranil, Tofranil etc), bien que possédant un effet atropinique théoriquement inhibiteur des bâillements, peuvent aussi déclencher des bâillements excessifs et une excitation sexuelle.

Que ce soit avec les imipraminiques ou les sérotoninergiques, cet effet inducteur de bâillements ne peut pas être seulement lié à l’effet sérotoninergique. Une modulation dopaminergique et ocytocinergique joue certainement un rôle. Voir articles complémentaires : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 et 8.

Les hormones sexuelles
Il existe de nombreuses données expérimentales chez l’animal concernant les hormones sexuelles et le bâillement mais il y a peu de choses dans l’espèce humaine. Voir articles complémentaires : 1, 2, 3 et 4.

J’ai une observation personnelle concernant la follitropine alpha (analogue FSH) : une femme de 27 ans a une stérilité tubaire. Elle bénéficie d’une prise en charge pour fécondation in vitro. et reçoit une injection par jour de 75U de follitropine* alpha, hormone de maturation des follicules (FSH), pour stimuler des ovulations multiples afin de recueil d’ovules. Trois heures environ après l’injection, elle ressent des salves de bâillements, de 10 à 20, se reproduisant tous les 10 à 30 minutes pendant 6 à 8 heures. Cet effet iatrogène n’est pas rapporté actuellement. Elle n’a pas de symptomatologie d’adénome hypophysaire en particulier à prolactine.

L’ACTH a induit expérimentalement des bâillements mais son utilisation humaine est très restreinte. Je n’ai pas d’observation personnelle. Voir articles complémentaires : 1.

Certains antiépileptiques: valproate de Na (Dépakine*). Cet effet secondaire est là aussi curieux compte tenu de l’effet GABA mimétique du Dépakine*. Dans l’article référencé, les myoclonies ont disparu sous l’effet du Dépakine, mais le seul effet secondaire a été l’apparition de bâillements répétés.

Des anti-cholinestérasiques (qui élèvent la concentration d’acétylcholine en inhibant sa destruction): le donepezil, Aricept*, rivastigmine, Exelon* ont induits des bâillements en expérimentation animale. Voir articles complémentaires : 1, 2, 3 et 4.

Les anesthésiques type bupivacaïne, procaïne sont les seuls médicaments recensés sur le site de la BIAM comme déclenchant des bâillements iatrogènes J’utilise très fréquemment de la lidocaïne et n’ai jamais constaté cet effet.

Les dihydropyridines (nifédipine, nitrendipine, nicarpidine, nimodipine) favoriseraient les bâillements chez l’animal alors que les autres inhibiteurs calciques (diltiazem et vérpamil) sont sans effet. Voir articles complémentaires : 1 et 2.

La sismothérapie pourrait aussi favoriser le bâillement.

Les anxiolytiques type benzodiazépines sont sans effet sur le bâillement même lorsqu’ils provoquent de la somnolence. Je pense que l’effet myorelaxant GABAergique explique l’inhibition du bâillement.

P. A. : Y a-t-il des cas où des médicaments provoquent des bâillements suffisamment fréquents pour devenir de véritables effets indésirables? Y a t-il beaucoup de malades à se plaindre spontanément de bâillements excessifs qui se révèlent être d’origine médicamenteuse ?

O. W. : Actuellement, les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine sont les médicaments le plus souvent responsables, car très souvent prescrits. Les patients ne s’en plaignent pas toujours et je pense que la majorité des confrères ignore cet effet secondaire. Il existe communément un raccourci bâillement = fatigue qui trompe l’analyse des faits. Ces bâillements répétés sont considérés comme appartenant à la plainte asthénique ou au trouble du sommeil du dépressif et non à son traitement.

P. A. : Le bâillement est rarement cité comme effet indésirable dans les RCP des médicaments. Je l’ai trouvé dans les RCP de Uprima* et Ixense . Y en a-t-il d’autres ?

O. W. : Je n’ai pas lu tous les RCP mais paradoxalement, le RCP de l’Apokinon*, apomorphine, ne mentionne pas le bâillement. parmi ses effets . Le bâillement est mentionné dans le RCP de la Marcaïne* Rachianesthésie et dans celui de la Xylocaïne* et également dans les documents BIAM se rapportant à ces 2 médicaments.

P. A. : Y a-t-il des médicaments capables de s’opposer aux bâillements pathologiques ou induits par d’autres médicaments?

O. W. : Oui mais on n’envisage un traitement des bâillements que s’ils sont véritablement excessifs et qu’on n’a pas réussi à les réduire par d’autres moyens tels que le remplacement du médicament qui les provoquait.
Quelques médicaments sont en principe susceptibles de réduire les bâillements mais ils n’ont pas d’AMM dans cette indication: les neuroleptiques (mais risque de dyskinésies), certains antihistaminiques comme la cyproheptadine (Periactine*), les atropiniques et le baclofène, GABA-b mimétique.
A Cohen a rapporté une observation de bâillements induits par antidépresseurs et disparaissant sous cyproheptadine (Periactine*).

P. A. : Y a t-il des bâillements provoqués par des drogues ou le sevrage ?

O. W. : Cette partie est encore en devenir sur le site… Expérimentalement les opioïdes sont inhibiteurs du bâillement. Les drogués ont d’autres difficultés existentielles que de s’inquiéter de la disparition de leurs bâillements, ce qui n’a aucune conséquence…. Mais le sevrage morphinique ou l’utilisation de naloxone déclenche des salves de bâillements ainsi que le sevrage des grands consommateurs de café. Chez les nouveau-nés de mères toxicomanes il y a aussi des bâillements. Voir articles complémentaires : 1, 2 et 3.

P. A. : Une intoxication peut-elle débuter par des bâillements ?

O. W. : Je ne connais pas de tel tableau. Seule l’intoxication par la vitamine A provoque des bâillements en salves, mais cela témoigne de l’hypertension intracrânienne engendrée par cette intoxication. Je vais chercher dans les observations de traitement par Roaccutane* et tétracycline, si cela est décrit. Je n’ai encore rien lu à ce sujet.

P. A. : Quelles conséquences pratiques peut retirer un médecin généraliste ou spécialiste de la prise en compte des bâillements ?

O. W. : Savoir examiner un malade se plaignant de bâillements excessifs : après un examen neurologique et neuropsychologique simple, le médecin doit penser à chercher un effet iatrogène d’un médicament, une pathologie tumorale intracrânienne et/ou hypophysaire, ou d’autres pathologies neurologiques (épilepsie par exemple) une maladie des tics chroniques associée ou non à des troubles obsessionnels compulsifs ou tocs. J’ai conçu un guide de l’examen du consultant pour excès de bâillement à l’intention du médecin.

P. A. : Quelles sont maintenant vos principales activités en matière de bâillements ?

O. W. : Depuis la création du site, je reçois des courriers de visiteurs importunés par leurs bâillements, mais hélas il est difficile de reconstituer de vraies observations par le manque de réponses détaillées….
J’ai eu, d’autre part, la chance de nouer des contacts passionnants, comme avec le Prof Deputte qui pratique l’éthologie des macaques et avait fait sa thèse sur le bâillement chez les singes. J’ai découvert alors tout un monde que j’ignorais. Par un phénomène type avalanche, j’ai eu des contacts aux USA avec Provine, Baenninger, Carskadon qui avaient publié des travaux plus sociologiques et comportementaux. J Askenazy en Israel, Sato-Suzuki et son équipe au Japon, E Eguibar au Mexique m’ont adressé leurs écrits de neurophysiologie. Je suis allé rencontrer Samartji Lal à l’université Mc Gill à Montreal qui a beaucoup étudié l’apomorphine et a, le premier, proposé son usage en thérapeutique de l’impuissance dans les années 70. Maintenant, j’ai de très intéressants contacts avec J Decéty et A Meltzolff qui travaillent sur imitation et intentionnalité en imagerie fonctionnelle, ouvrant à beaucoup d’explications sur la transmission du bâillement. J’ai eu l’idée de me pencher sur l’embryologie de la face ce qui m’a permis de proposer le défaut de bâillement comme de la déglutition par retard fonctionnel du tronc cérébral. Je vais travailler avec V Abadie des Enfants Malades sur le syndrome de Pierre Robin; puis je vais rencontrer H de Leersnyder qui s’occupe du syndrome de Smith-Magenis etc.. ainsi de suite….

P. A. : Merci beaucoup. Tout ceci n’est qu’une initiation aux bâillements. Je conseille aux personnes intéressées par cette interview d’aller voir le site baillement.com.

Un commentaire concernant “Médicaments et bâillements

  1. Bonjour. Merci pour votre article très intéressant. J’ai néanmoins une question : le médicament Lyrica peut-il engendrer des baillements répétés. Remerciement pour votre réponse.

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