L’inhibition de la Na+/K+-ATPase par les glucosides cardiotoniques est responsable de leur effet cardiaque, vasculaire et accessoirement diurétique.
Effets cardiaques
- Effet inotrope positif : les glucosides cardiotoniques ont un effet inotrope positif : ils augmentent la force de contraction du myocarde en insuffisance cardiaque mais aussi du coeur normal.
- Effet tonotrope positif : les glucosides cardiotoniques réduisent la taille du coeur en diastole chez l’insuffisant cardiaque et chez le sujet normal. Chez l’insuffisant cardiaque le coeur est dilaté, distendu, avec un résidu sanguin dans le ventricule en fin de systole. La réduction de la taille du coeur en diastole augmente le débit cardiaque de l’insuffisant cardiaque mais a un effet nul ou inverse chez le sujet normal, car chez ce dernier le coeur a la taille optimale et toute diminution réduit son efficacité. Ceci explique en partie les effets différents obtenus chez le sujet normal et l’insuffisant cardiaque.
- Effet chronotrope négatif : les glucosides cardiotoniques ralentissent le coeur. Cette action bradycardisante résulte de leur action directe sur le coeur ainsi que de leur action indirecte sur le système nerveux autonome :
- diminution du tonus sympathique par réduction de la libération de catécholamines à la suite de l’amélioration du débit cardiaque. Cependant les digitaliques pourraient, dans certaines circonstances, augmenter la libération de catécholamines par inhibition de la Na+/K+-ATPase des terminaisons adrénergiques.
- effet parasympathomimétique par libération accrue d’acétylcholine et augmentation de la sensibilité des récepteurs à l’action de cette dernière. Cet effet est inhibé par l’atropine.
- Effet dromotrope (conduction) et effet bathmotrope (excitabilité) : d’une manière générale les glucosides cardiotoniques ralentissent la vitesse de conduction auriculo-ventriculaire, à la fois par effet direct et par effet indirect par l’intermédiaire de l’acétylcholine. Ils accroissent à faible dose l’excitabilité du myocarde, ce qui favorise la naissance de foyers ectopiques, d’autant plus que la conduction est inhibée.
Chez l’insuffisant cardiaque, il y a une libération excessive de catécholamines avec une diminution de la densité des récepteurs ß cardiaques et une diminution de la sensibilité du coeur aux effets ß des catécholamines. Cette hyperstimulation adrénergique compensatrice a des effets néfastes à long terme
Effet vasculaire
Les glucosides cardiotoniques augmentent les résistances vasculaires périphériques en agissant directement sur les fibres vasculaires lisses artérielles et veineuses, chez le sujet normal comme chez l’insuffisant cardiaque. La différence essentielle entre le sujet normal et l’insuffisant cardiaque est que, chez le premier, il n’y a pas d’hyperactivité du système adrénergique, alors qu’elle existe chez le second. La réduction de l’hyperactivité adrénergique chez l’insuffisant cardiaque entraîne une vasodilatation indirecte plus importante que la vasoconstriction directe.
Par ailleurs les digitaliques peuvent réduire les besoins du coeur en oxygène chez l’insuffisant cardiaque car, bien que renforçant la force de contraction du myocarde, ce qui augmente les besoins en oxygène, ils réduisent la taille du coeur, ralentissent son rythme, diminuent les résistances périphériques.
Les digitaliques ont peu d’effet sur la pression artérielle.
Effet diurétique
Les digitaliques augmentent la diurèse de l’insuffisant cardiaque, moins du fait de l’inhibition de la Na+/K+-ATPase rénale que de la diminution du tonus sympathique et de la diminution de la stimulation du système rénine-angiotensine-aldostérone.
Par ailleurs les digitaliques peuvent entraîner des contractions des fibres intestinales par effet direct et indirect par stimulation bulbaire.