Auteur : Pierre Allain

Traitement de la menace d’accouchement prématuré

En nous appuyant sur un article intitulé « Prevention of preterm delivery » paru dans le NEJM le 2 août 2007 nous donnons ici une vue d’ensemble des possibilités médicamenteuses pour retarder un accouchement prématuré (la prématurité est définie comme une naissance avant la fin de la 37ème semaine de gestation).

Le but du traitement est bien sûr de permettre la poursuite du développement intra-utérin de l’enfant et de donner au corticoïde éventuellement administré à la mère un temps suffisant pour agir et réduire le risque de détresse respiratoire du nouveau-né (il faut 18 à 48 heures après la première dose).

Les médicaments utilisés visent, par des mécanismes différents, à inhiber les contractions utérines et sont appelés tocolytiques ou utérorelaxants. Ils appartiennent à différentes classes pharmacologiques.

Agonistes bêta- adrénergiques ou bêta-stimulants

En France le produit le plus fréquemment utilisé est le salbutamol  qui existe sous différentes présentations. La ritodrine a été commercialisée en France sous le nom de Pre-Par*.

Inhibiteurs des canaux calciques

La nifédipine, Adalate*, est l’anticalcique le plus étudié dans cette indication. Elle n’a pas l’AMM en France dans l’indication envisagée.

Donneurs d’oxyde nitrique, NO

Des préparations transdermiques de nitroglycérine ont été testées.

Sulfate de magnésium en perfusion

C’est un des premiers traitements de la menace d’accouchement prématuré. Pour le mécanisme d’action, voir ici

Anti-inflammatoires non stéroïdiens, AINS

Parmi les AINS c’est l’indométhacine, Indocid*, qui a été le plus fréquemment utilisée.

Antagonistes des récepteurs de l’ocytocine

L’antagoniste commercialisé en France est l’atosiban, sous le nom de Tractocile* avec dans son AMM l’indication accouchement prématuré. Les auteurs américains de l’article analysé sont très réticents à l’utilisation de l’atosiban qui n’est pas commercialisé aux USA, alors qu’il l’est dans la plupart des pays du monde.

Au total, pour traiter la menace d’accouchement prématuré, les auteurs américains de l’article analysé penchent pour l’utilisation préférentielle de la nifédipine ou à défaut de l’indométhacine. En France les 2 médicaments ayant l’AMM dans l’indication sont le salbutamol et l’atosiban, Tractocile*.

Quant à la progestérone, par exemple la spécialité Utrogestan*, elle a l’indication menace d’avortement et prévention d’avortement pendant les 12 premières semaines de grossesse, chez des femmes ayant une insuffisance lutéale. Dans un commentaire du NEJM  intitulé « Progesterone and preterm labor − Still no definite answers », l’auteur J G Thornton  n’est guère favorable à l’utilisation de la progestérone pour prolonger la grossesse.

Bien entendu, quelque soit le médicament choisi, ses précautions d’emploi et ses contre-indications doivent être respectées.