Le linézolide est un nouvel antibiotique de structure chimique originale, actif contre les germes Gram-positifs résistants à la plupart des antibiotiques dont on dispose actuellement.
La structure chimique du linézolide est indiquée ci-dessous ; c’est une oxazolidinone substituée obtenue par synthèse chimique en 1987 (et non par extraction à partir d’un microorganisme comme un grand nombre d’autres antibiotiques).
Le linézolide est actif contre les germes Gram-positifs comme les streptocoques (dont Streptococcus pneumoniae = pneumocoques), les staphylocoques, les entérocoques résistants à la plupart des antibiotiques dont on dispose actuellement. Il est également actif contre certains anaérobies Gram-positifs comme Clostridium perfringens. Il n’est pas actif contre les germes Gram- négatifs dans lesquels il pénètre mal.
Comme beaucoup d’antibiotiques déjà connus, le linézolide inhibe la synthèse des protéines chez les microorganismes dans lesquels il pénètre bien, en perturbant la traduction du RNA messager en protéines au niveau des ribosomes qui sont situés dans le cytoplasme. Cette traduction s’effectue selon un mécanisme très complexe, schématiquement divisé en 3 étapes : l’initiation, l’élongation et la terminaison. Le linézolide inhibe l’initiation en agissant sur des sites différents de ceux des autres antibiotiques inhibiteurs de la traduction, ce qui explique l’absence de résistance croisée.
Sur le plan pharmacocinétique, le linézolide qui existe sous la forme injectable et buccale, a par voie buccale une biodisponibilité de 100 %, qu’il soit pris à jeun ou pendant le repas, ce qui explique que la dose administrée par voie buccale et parentérale est la même. Sa demi-vie plasmatique est 5 à 7 heures, ce qui permet de se limiter à deux administrations par jour. Il n’est pas métabolisé par les cytochromes P-450 et ne modifie pas leur fonctionnement mais donne deux métabolites par transformations non enzymatiques du cycle morpholine. Son élimination, sous forme inchangée et sous forme de deux métabolites, est essentiellement rénale.
Les indications du linézolide découlent de son activité antibactérienne : les infections à germes gram-positifs résistants aux autres antibiotiques. Pour éviter le développement de germes résistants au linézolide, son utilisation est réservée au milieu hospitalier.
Le linézolide apparaît globalement assez bien toléré. On peut signaler des diarrhées, des céphalées, un goût métallique, des thrombopénies (contrôle hématologique)…
Noter une particularité, le linézolide a un effet inhibiteur, certes faible, de la monoamine oxydase, c’est un IMAO faible mais cette activité demande de prendre des précautions, notamment ne pas associer au linézolide des sympathomimétiques (Voir Par inhibition du catabolisme). Pour ceux qui s’intéressent à la chimie : la toloxatone ou Humoryl* qui est un IMAO d’activité modérée, est également un dérivé de l’oxazolidinone.
En conclusion, le linézolide qui doit encore confirmer son intérêt en pratique quotidienne, est un antibiotique bienvenu.