Auteur : Pierre Allain

Définition des principaux paramètres

La pharmacocinétique repose sur l’étude de la variation de la concentration plasmatique du médicament, seul paramètre facilement accessible. Avant de l’aborder, il est nécessaire de connaître le sens des termes couramment utilisés :

  1. La demi-vie plasmatique d’un médicament (T½) est le temps nécessaire pour que la concentration plasmatique diminue de moitié, par exemple de 100 à 50 mg/L. La connaissance de la demi-vie permet de prévoir la fréquence d’administration du médicament (nombre de prises journalières) pour obtenir la concentration plasmatique souhaitée. Dans l’immense majorité des cas, la demi-vie est indépendante de la dose du médicament administré. Dans certains cas exceptionnels, elle varie avec la dose : elle peut augmenter ou diminuer en fonction de l’apparition de la saturation d’un mécanisme (élimination, catabolisme, fixation aux protéines plasmatiques etc.).
  2. L’aire sous la courbe, ASC, ou AUC « Area under curve », correspond à l’intégrale de la concentration plasmatique sur un intervalle de temps défini. En pratique, on utilise l’approximation :
    ASC = S([C]xDt)
    avec [C] : concentration mesurée et Dt : intervalle de temps entre deux mesures. La précision de l’ASC croît avec le nombre de mesures de concentration effectuées. L’ASC s’exprime en masse (mg, g) x litre-1 x heure. Son principal intérêt est de permettre la mesure de la biodisponibilité d’un médicament.
  3. La biodisponibilité désigne le pourcentage du médicament administré qui parvient dans le compartiment central. Elle est généralement mesurée en comparant les ASC obtenues après administration du même médicament par voie intraveineuse et par une autre voie qui est le plus souvent la voie buccale. Après administration intraveineuse, l’ASC obtenue correspond à une biodisponibilité qui, par définition, est de 100%; après administration buccale, l’ASC correspond à une biodisponibilité identique dans les meilleurs des cas, généralement plus faible, parfois nulle.
  4. Le terme compartiment désigne le volume fictif dans lequel le médicament se distribuerait. Il peut correspondre ou non à un volume réel, par exemple le volume du sang appelé premier compartiment, ou l’ensemble de l’organisme hormis le sang, appelé deuxième compartiment. L’ensemble des secteurs anatomiques réels dans lesquels le médicament se distribue à des concentrations différentes est représenté par un, deux, rarement trois compartiments virtuels où la concentration du médicament est considérée comme homogène. La notion de compartiment permet ainsi de modéliser le devenir d’un médicament
  5. Le volume apparent de distribution (Vd) est le volume fictif, exprimé en litres ou en litres par kilogramme, dans lequel se serait distribué le médicament en supposant que sa concentration soit homogène, c’est-à-dire que la concentration tissulaire moyenne soit identique à celle du plasma.
    On a Vd = dose / C0 (concentration initiale). Par exemple, si l’on injecte par voie intraveineuse 100 mg d’un médicament et que sa concentration initiale, C0, dans le plasma est de 10 mg/L, le volume de distribution est de 10 L. Pour un médicament donné, la connaissance de sa concentration souhaitée dans le sang et de son volume de distribution permet d’évaluer la dose à administrer.
  6. La clairance est la fraction d’un volume théorique totalement épuré (c’est-à-dire ne contenant plus le médicament concerné) par unité de temps. La clairance plasmatique est le volume apparent de plasma épuré par unité de temps. La clairance globale ou totale (Clt) est la fraction du volume apparent de distribution, Vd, qui est totalement épurée par unité de temps. On conçoit que la clairance totale dépend de la constante d’élimination et donc de la T½ et du Vd. La clairance est une constante en cinétique linéaire.
  7. Le plateau de concentration correspond à l’état d’équilibre ou « Steady state » atteint au bout d’un certain nombre d’administrations. Pour que la concentration plasmatique augmente lors d’administrations répétées, il faut qu’une concentration résiduelle persiste lors de l’administration suivante. Au plateau, si la dose et la fréquence d’administration restent stables, la concentration obtenue le sera également. Le plateau est obtenu au bout d’environ cinq demi-vies.