Auteur : Pierre Allain

Classement sur une liste

Lors de leur mise sur le marché, la majorité des médicaments, en raison de leur toxicité potentielle, sont classés sur des listes qui réglementent leur prescription. Certains médicaments, considérés comme bien tolérés, peuvent ne pas être placés sur une liste, ils sont dits hors liste. Ce classement peut ensuite être modifié si des éléments nouveaux le justifient.

Médicament classé sur une liste

La plupart des médicaments sont classés sur les listes I et II. Quelques-uns sont classés sur la liste des stupéfiants. Les médicaments sont délivrés par le pharmacien sur présentation d’une ordonnance signée par un médecin.

Listes I et II

L’ordonnance doit comporter, outre l’en-tête du médecin :

  1. le nom, le prénom, le sexe, l’âge et le poids (important chez l’enfant) du malade
  2. la dénomination commune internationale ou commerciale de chaque médicament prescrit, sa posologie et son mode d’emploi, la quantité prescrite ou la durée du traitement et, éventuellement, le nombre de renouvellements
  3. la date de la prescription et la signature du médecin.

La différence entre les listes I et II concerne essentiellement les modalités de renouvellement. Le renouvellement des médicaments de la liste I est possible sur indication écrite du médecin précisant le nombre de renouvellements ou la durée du traitement (dans une limite de 12 mois). Le renouvellement des médicaments de la liste II est possible pendant 12 mois, sauf si le prescripteur l’a interdit.

La première délivrance des médicaments doit intervenir dans les trois premiers mois qui suivent sa prescription. Le pharmacien ne peut délivrer qu’une quantité de médicaments correspondant à un mois de traitement, sauf pour les contraceptifs où la durée est de trois mois.

La durée de prescription des hypnotiques et des anxiolytiques a été modifiée : elle est de 2 semaines pour le triazolam, de 4 semaines pour la plupart des hypnotiques et de 12 semaines pour les anxiolytiques.

Le conditionnement diffère selon la liste – Liste I : la boîte porte une étiquette blanche avec un large filet rouge – Liste II : la boîte porte une étiquette blanche avec un large filet vert.

Liste des stupéfiants

Un médicament est classé stupéfiant ou toxicomanogène lorsque son utilisation risque de créer une dépendance.

Sa prescription a nécessité pendant plusieurs dizaines d’années un carnet à souches délivré par le Conseil Départemental de l’Ordre des Médecins.

Maintenant les médicaments classés stupéfiants sont prescrits sur les mêmes ordonnances dites sécurisées que les autres médicaments, en précisant la posologie en toutes lettres et respectant la durée de prescription. Celle-ci est limitée au maximum à 7 jours pour les formes injectables, à 14 jours pour les formes orales et à 28 jours pour certains produits.

Le pharmacien délivre les médicaments prescrits, garde un duplicata de l’ordonnance et inscrit sur un registre les médicaments dispensés.

Une nouvelle prescription de stupéfiant pendant la période couverte par une prescription antérieure nécessite que le médecin mentionne qu’il s’agit d’un complément au traitement précédent.

Les médicaments classés sur la liste des stupéfiants sont délivrés dans une boîte comportant un carré blanc avec deux bandes rouges.

Autres classifications se superposant à la précédente

De nouvelles classifications sont venues compliquer les choses. Elles constituent une obligation règlementaire mais ont peu d’intérêt sur le plan pharmacologique ou thérapeutique, nous nous bornerons à les énumérer :

  1. Médicaments d’exception (« particulièrement innovants et coûteux »), prescrits sur ordonnance spéciale.
  2. Médicaments à prescription restreinte
    • médicaments réservés à l’usage hospitalier
    • médicaments à prescription hospitalière
    • médicaments à prescription initiale hospitalière
    • médicaments à prescription réservée à certains médecins spécialistes
    • médicaments nécessitant une surveillance particulière pendant le traitement
  3. Médicaments prescrits dans le cadre des affections de longue durée (ordonnancier bi-zone).
  4. Médicaments rétrocédables,pouvant être délivrés par rétrocession,(le terme rétrocession quand il s’applique aux médicaments a un sens particulier, il désigne les médicaments pouvant être vendus à des malades non hospitalisés par une pharmacie hospitalière, ou médicaments à dispensation hospitalière aux malades non hospitalisés).
  5. Médicaments hospitaliers « hors T2A » (ceci concerne des particularités de financement)
  6. Médicaments sous autorisation temporaire d’utilisation, ATU. Un certain nombre de médicaments n’ayant pas d’AMM peuvent obtenir une autorisation temporaire d’utilisation s’ils paraissent apporter un progrès dans le traitement de certaines maladies graves. On distingue 2 catégories d’ATU : les ATU de cohorte concernant des groupes déterminés de malades et les ATU nominatives qui ne concernent que des malades particuliers nominativement désignés.

Prescripteurs

Les personnes susceptibles de prescrire des médicaments en rédigeant une ordonnance sont les médecins (selon les modalités que nous venons de voir) et d’autres professionnels de santé, dans les limites nécessaires à leur exercice : chirurgiens-dentistes, sages-femmes, directeurs de laboratoires d’analyses biologiques, pédicures-podologues. Il existe des listes précisant les médicaments qui peuvent être prescrits par ces diverses catégories.

Médicament hors liste

Les médicaments qui ne sont pas classés sur une liste sont en vente libre en pharmacie, c’est-à-dire qu’ils peuvent être délivrés par le pharmacien sans présentation d’une ordonnance, mais peuvent, bien entendu, être prescrits par les médecins. Ces médicaments ne sont pas pour autant dénués de risque et leur utilisation prolongée ou à fortes doses peut être à l’origine d’effets indésirables. Ils sont souvent utilisés en automédication, c’est-à-dire pris par le malade, de sa propre initiative ou à celle de son entourage.

Les médicaments en vente libre aux USA sont appelés OTC pour « over the counter ».

Remarques

  1. On appelle préparations magistrales les médicaments préparés par le pharmacien dans son officine, le plus souvent à la demande d’un médecin. Mais le pharmacien isolé n’a pas les moyens de contrôle de l’industrie pharmaceutique et il est souhaitable de limiter l’usage des préparations magistrales aux principes peu toxiques ou destinés à l’usage externe, en dermatologie par exemple.
  2. La réglementation concernant les médicaments à usage vétérinaire a été mise à jour (Journal Officiel du 2 juillet 1999, décret N° 99553). Les conséquences sanitaires de l’utilisation de produits provenant d’animaux traités par les médicaments sont envisagées et l’organisation de la pharmacovigilance vétérinaire y est décrite.