Auteur : Pierre Allain

Interactions médicamenteuses

Lorsque deux ou plusieurs médicaments sont prescrits simultanément à un même malade, leurs effets peuvent en être modifiés.

Effets indépendants

Les effets propres de deux ou plusieurs médicaments peuvent être indépendants l’un de l’autre tout en étant complémentaires. Par exemple, l’action d’un antibiotique prescrit pour traiter un abcès très douloureux peut être indépendante de celle d’un antalgique prescrit simultanément. L’antalgique ne modifie pas l’action de l’antibiotique et réciproquement.

Interactions

On parle d’interactions médicamenteuses quand l’effet E1 d’un médicament M1 est modifié par l’effet E2 d’un médicament M2. Pour que cette interaction apparaisse, il faut que les médicaments M1 et M2 soient simultanément présents dans l’organisme ou que les effets de l’un d’eux persistent encore lors de l’administration du deuxième. Quels que soient les mécanismes responsables de cette interaction, et qu’il s’agisse d’un effet recherché ou indésirable, on peut observer une synergie, une potentialisation ou un antagonisme.

  1. Synergie
    • additive totale lorsque les effets E1 et E2 s’ajoutent totalement.
    • additive partielle lorsque les effets s’ajoutent partiellement.
  2. Potentialisation
    Lorsque l’effet E1 du médicament M1 est augmenté sous l’effet E2 du médicament M2 de telle manière que la somme des effets E1 + E2 soit nettement supérieure à leur simple addition, on dit qu’il y a potentialisation.
  3. Antagonisme
    Il y a antagonisme lorsque l’effet E1 du médicament M1 est diminué ou supprimé sous l’effet E2 du médicament M2 ou réciproquement.

Les interactions entre deux médicaments dépendent :

  • de leurs effets directs ou indirects
  • des modifications de leurs paramètres pharmacocinétiques
  • des deux mécanismes précédents à la fois.

Les interactions liées aux effets des médicaments sont dans la plupart des cas prévisibles. Ainsi, l’administration simultanée de deux médicaments donnant des effets similaires (deux anticoagulants, deux vasoconstricteurs, deux hypnotiques etc.), agissant par le même mécanisme ou non, ont en général des effets synergiques.

Les interactions de type pharmacocinétique sont, du moins au premier abord, plus inattendues. Par exemple, la plupart des macrolides (érythromycine, troléandomycine), qui sont des antibiotiques, potentialisent les effets des dérivés de l’ergot de seigle comme l’ergotamine qui est un vasoconstricteur. L’explication de cette potentialisation qui a entraîné des accidents graves est d’origine pharmacocinétique : les macrolides inhibent l’inactivation de l’ergotamine dans l’organisme, l’ergotamine s’accumule donc et devient toxique.

Les interactions entre deux médicaments s’observent en général lorsque les deux médicaments sont pris simultanément ou avec un intervalle de temps assez court, de quelques heures à une journée. Mais des interactions sont possibles avec des intervalles séparant la prise de l’un de celle de l’autre beaucoup plus longs, de quelques jours à deux ou trois semaines. Dans ce dernier cas, l’un au moins des médicaments a des effets prolongés provenant, le plus souvent, d’une forme retard à libération prolongée ou d’une inhibition enzymatique irréversible nécessitant une synthèse nouvelle de l’enzyme.