Auteur : Pierre Allain

Aluminium, pharmacologie

L’aluminium est un métal léger, de masse atomique 27, très répandu dans la nature. Sa concentration atteint environ 8% dans l’écorce terrestre. Il n’a aucune fonction physiologique connue.

Le rayon de l’ion Al3+ est de 0,5 Angström, il est donc très polarisant, ce qui explique qu’il interagit avec les molécules d’eau, les anions OH, SO42-, PO43-, F. En fonction du pH il est présent dans les milieux biologiques sous formes de complexes cationiques, neutres ou anioniques.

Métabolisme

L’aluminium est très peu absorbé par le tube digestif et on ne connaît guère les mécanismes de son absorption.

La concentration normale d’aluminium dans le sang est inférieure à 5 microgrammes par litre et sa concentration dans les tissus est également très faible.

L’aluminium s’élimine essentiellement par le rein et la mesure de sa concentration urinaire constitue une méthode valable d’appréciation de son absorption digestive.

Indications

  1. L’aluminium, sous forme d’hydroxyde est utilisé comme adsorbant des vaccins et adjuvant de l’immunité dans plusieurs vaccins comme le TETRACOQ*, le VACCIN HEVAC*, le VACCIN TETANIQUE*, etc.
  2. L’aluminium est utilisé sous différentes formes en gastro-entérologie pour ses propriétés physico-chimiques adsorbantes et antiacides.
    Le sucralfate est une des préparations à base d’aluminium qui a été le mieux étudiée. Dans l’estomac, en milieu acide, le sucralfate se polymérise en une substance visqueuse, adhésive qui tapisse les parois gastriques et duodénales et les protège contre les effets de l’acidité gastrique et de la pepsine. Le sucralfate est utilisé dans le traitement de l’ulcère gastro-duodénal.
    L’absorption digestive d’aluminium à partir du sucralfate est faible, mais ne doit pas être ignorée, notamment chez les insuffisants rénaux. L’effet indésirable le plus fréquent du sucralfate est la constipation.

     

    Sucralfate

    ULCAR* Cp

    Le phosphate d’aluminium est utilisé dans le traitement symptomatique des manifestations douloureuses d’origine so-gastro-duodénale. Le phosphate d’aluminium est très peu absorbé par le tube digestif.

     

    Phosphate d’aluminium

    PHOSPHALUGEL* Cp, Sol buv

    L’hydroxyde d’aluminium, souvent associé au magnésium, a le même type d’utilisation que le phosphate d’aluminium. Il en existe plusieurs présentations pharmaceutiques.

     

    Hydroxyde d’aluminium

    GELOX*, sachets
    MAALOX* Cp, Sol buv

    L’hydroxyde d’aluminium associé à l’acide alginique, à l’algénate de sodium et au bicarbonate de sodium, forme dans l’estomac un gel visqueux qui surnage à la partie supérieure du contenu gastrique et réduit ainsi le reflux de liquide gastrique acide dans l’sophage. Il est utilisé dans le traitement du pyrosis et du reflux gastro-sophagien.

     

    Hydroxyde d’aluminium + autres constituants

    GAVISCON* Cp

  3. L’hydrocarbonate d’aluminium est utilisé dans le traitement des hyperphosphorémies car l’aluminium a beaucoup d’affinité pour le phosphate avec lequel il forme un complexe non absorbé par le tube digestif. Le LITHIAGEL* était une préparation pharmaceutique qui contenait une grande quantité d’aluminium et son utilisation prolongée chez les insuffisants rénaux n’était pas souhaitable.

Effets indésirables

Après prise par voie orale, une faible quantité de l’aluminium administré, variable selon les préparations, les circonstances d’utilisation et selon les individus, est absorbée. Cette absorption n’est pas souhaitable car, si on ne connaît aucun effet bénéfique à l’aluminium lorsqu’il est absorbé par voie générale, il pourrait avoir des effets indésirables.

L’aluminium était considéré comme un élément atoxique jusqu’à ce qu’il provoque des encéphalopathies chez des malades dialysés. L’accumulation d’aluminium dans le sang des patients dialysés provenait en réalité plus du liquide de dialyse que de son absorption intestinale. Lorsque le liquide de dialyse contenait une grande quantité d’aluminium, celui-ci passait dans le sang à travers la membrane de dialyse et, du fait de l’insuffisance rénale, n’était pas éliminé. Chez les dialysés, outre des encéphalopathies l’aluminium a provoqué des ostéomalacies et des anémies.

Les troubles neurologiques observés chez les dialysés ont fait suspecter le rôle possible de l’aluminium dans la pathogénie de la maladie d’Alzheimer, mais aucune preuve définitive de sa participation n’a été apportée.

Les mécanismes responsables de la pénétration de l’aluminium dans le cerveau et les mécanismes de sa toxicité ne sont pas connus. Il n’existe chez l’animal aucun modèle satisfaisant de l’encéphalopathie à l’aluminium. L’ion aluminium présente des analogies avec l’ion ferrique avec lequel il pourrait entrer en compétition au niveau de certaines enzymes ou de certains sites de fixation.

En pratique, la prescription de préparations à base d’aluminium est déconseillée en cas d’insuffisance rénale chronique et ne devrait pas, en règle générale, être trop prolongée.

Par ailleurs, les préparations à base d’aluminium peuvent modifier l’absorption digestive d’autres médicaments tels que la phénytoïne et la digoxine, et entraîner une déplétion en phosphate par fixation des phosphates dans le tube digestif.

Parmi les divers chélateurs qui pourraient être utilisés pour traiter une intoxication par l’aluminium, c’est la déféroxamine qui a été le mieux étudiée, elle augmente l’élimination urinaire d’aluminium.