Auteur : Pierre Allain

Inhibiteurs de la libération d’acétylcholine

La toxine botulinique, produite par le bacille gram positif, anaérobie et sporulant, Clostridium botulinum, se fixe aux terminaisons cholinergiques, notamment neuromusculaires, dans lesquelles elle pénètre par endocytose. C’est une enzyme à zinc qui, à l’intérieur du cytoplasme, hydrolyse des protéines comme la synaptobrévine, le VAMP (vesicle-associated membrane protein) nécessaires à la migration et à l’exocytose des vésicules contenant l’acétylcholine. Elle inhibe ainsi la libération d’acétylcholine.

Le botulisme, qui se rapproche plus d’une intoxication que d’une infection, se traduit par une parésie ou une paralysie des muscles assurant la motricité oculaire, la déglutition, l’élocution, la posture et la locomotion. Une sécheresse de la bouche est également observée.

La toxine botulinique est actuellement le seul inhibiteur de la libération d’acétylcholine utilisé en thérapeutique. Administrée localement dans un muscle, elle pénètre à l’intérieur des terminaisons cholinergiques présynaptiques et inhibe la libération d’acétylcholine par exocytose. Elle provoque une véritable dénervation des muscles qui s’atrophient.

Elle est utilisée dans le traitement de diverses dystonies, blépharospasme, torticolis spasmodique, hémispasme facial, strabisme. Injectée dans le sphincter inférieur de l’œsophage, elle améliore un trouble de la motilité de l’œsophage, appelé achalasie. Son effet apparaît en deux ou trois jours et dure longtemps, environ trois mois. Elle est par ailleurs utilisée dans le traitement de certaines rides.

Le principal danger de la toxine botulinique injectée localement est sa diffusion au niveau de muscles voisins de ceux que l’on souhaite inhiber et qui sont malencontreusement paralysés. Son utilisation est réservée aux spécialistes.

Toxine botulinique de type A

BOTOX* Inj
DYSPORT* Inj 
XEOMIN*
NEUROBLOC*, Inj

Toxine botulinique de type B 

NEUROBLOC*

Remarques

  1. Pipérazine
    La pipérazine est utilisée comme antihelminthique dans le traitement des oxyuroses (Enterobius vermicularis) et des ascaridioses (Ascaris lumbricoides). La pipérazine, en provoquant une paralysie des helminthes par inhibition des effets de l’acétylcholine, provoque leur décrochement de la paroi digestive et leur élimination. Bien qu’absorbée par le tube digestif, la pipérazine ne provoque pas d’inhibition neuromusculaire chez l’homme. La raison de sa sélectivité d’action sur les vers n’est pas connue. Vermifuge Sorin. 
  2. Pyrantel pamoate (Combantrin*, Helmintox*)
    Le pyrantel est un antihelminthique actif sur Enterobius vermicularis, Ascaris lumbricoides, Ankylostoma duodenale, Necator americanus, Trichuris trichiura. Le pyrantel provoque une paralysie des vers précédemment cités par dépolarisation consécutive à l’activation des récepteurs neuromusculaire nicotiniques; de plus il inhibe les cholinestérases. La paralysie est à l’origine de l’expulsion des vers. Il est très peu absorbé par le tube digestif, ce qui est à l’origine de sa sélectivité d’action. Lorsqu’il est administré expérimentalement par voie parentérale chez l’animal, il entraîne une paralysie due à l’inhibition de la transmission neuromusculaire. Le pyrantel a un mécanisme d’action opposé à celui de la pipérazine. Ces deux produits étant antagonistes ne doivent pas être utilisés simultanément.
  3. Il existe un autre antiparasitaire utilisé dans le traitement de l’oxyurose, le pyrvinium ou POVANYL* agissant par un mécanisme mal précisé mais différent de celui du pyrantel. Il n’est plus commercialisé en France