Auteur : Pierre Allain

Inhibiteurs des cyclooxygénases, AINS

De cette inhibition enzymatique découlent des conséquences bénéfiques et indésirables. Les conséquences de l’administration d’un AINS, compte tenu des différentes cyclooxygénases et de leur différente distribution tissulaire, des différentes prostaglandines impliquées sont nécessairement complexes et dépendent en outre de l’état du malade. Schématiquement on peut distinguer des effets utiles et néfastes mais le même effet peut être les deux : ainsi un effet anti-agrégant plaquettaire est utile pour éviter un accident thrombo-embolique mais peut être néfaste chez un malade qui risque de saigner.

  1. Effets utiles en thérapeutique :
    • effet anti-inflammatoire
    • effet antalgique
    • effet antipyrétique
    • effet anti-agrégant plaquettaire avec diminution du risque thrombo-embolique (bien connu pour l’aspirine à doses faibles)
    • effet hypocalcémiant (au cours des hypercalcémies)
    • effet inhibiteur du développement des tumeurs coliques
  2. Effets indésirables :
    • gastralgies, ulcérations gastroduodénales et saignements digestifs attribués essentiellement à l’inhibition des cyclooxygénases de type I
    • prolongation de la grossesse (si l’AINS est pris en fin de grossesse); risque accru de troubles cardiovasculaires et rénaux chez l’enfant si l’AINS est pris pendant la deuxième partie de la grossesse; fermeture prématurée du canal artériel de l’enfant
    • aggravation d’une insuffisance rénale par synthèse insuffisante de prostaglandines vasodilatatrices pour contrer l’effet vasoconstricteur des catécholamines et de l’angiotensine 
    • aggravation d’une insuffisance coronarienne, élévation possible de pression artérielle
    • diminution de la résistance de l’organisme vis-à-vis d’un agent infectieux (microbe, parasite, etc.). La prescription d’un AINS au cours d’un état infectieux non maîtrisé par un antibiotique ne semble pas souhaitable
    • augmentation du risque de saignements
    • retard possible, en cas d’administration prolongée à dose élevée, de la consolidation osseuse après fracture.

Sur le plan pharmacocinétique, les AINS sont habituellement administrés par voie buccale et ont une bonne biodisponibilité. Dans le plasma, ils se fixent aux protéines à 90% en moyenne. Leur demi-vie plasmatique est de l’ordre de quelques heures, sauf pour le piroxicam et le ténoxicam où elle est d’environ 48 heures. Des médicaments à base de principes actifs dont la demi-vie est courte peuvent, lorsqu’ils sont administrés sous forme à libération prolongée, se comporter comme s’ils avaient des demi-vies longues. C’est le cas des AINS retard ou à libération prolongée. Les AINS subissent de nombreuses biotransformations hépatiques et les métabolites sont éliminés essentiellement par le rein.

La classification chimique des AINS n’a pas d’intérêt car il n’en résulte pas de conséquences pratiques. Une classification en fonction de l’inhibition préférentielle des cyclooxygénases de type I et de type II peut être actuellement proposée.