Auteur : Pierre Allain

Inhibiteurs des cyclooxygénases, AINS – Aspirine

L’aspirine ou acide acétylsalicylique occupe parmi les anti-inflammatoires une place particulière.

Elle agit comme un donneur de groupe acéty l-CH3-CO-. et est transformée en acide salicylique, principal métabolite. L’acétyl se fixe sur un acide aminé d’une protéine endogène, le groupe OH d’un résidu sérine des cyclooxygénases qui sont ainsi inhibées d’une manière irréversible. Par ailleurs, elle réduit l’activité du fibrinogène.

Très récemment, il a été montré que l’aspirine, en acétylant un métabolite de l’acide arachidonique, conduit à la formation d’un certain type de lipoxines qui réduisent les phénomènes d’adhésion cellulaire. L’aspirine ainsi que son métabolite, l’acide salicylique, inhibent les récepteurs ETA de l’endothéline, peptide vasoconstricteur. D’autres mécanismes, tels qu’une augmentation de la libération de NO, ont aussi été proposés pour expliquer les effets bénéfiques de l’aspirine.

Elle diminue à doses élevées le taux de prothrombine.

  • Action cardiovasculaire
    À faibles doses (50 à 150 mg/jour pour un adulte), elle inhibe préférentiellement la cyclooxygénase plaquettaire et réduit ainsi la production des thromboxanes qui favorisent l’agrégation plaquettaire tout en respectant, au moins partiellement, la cyclooxygénase endothéliale responsable de la synthèse des PGE et PGI2 qui inhibent l’agrégation plaquettaire. La plaquette étant une cellule anucléée, il n’y a pas de synthèse de nouvelles enzymes, ce qui explique la longue durée de l’inhibition. L’effet anti-agrégant plaquettaire et la prolongation du temps de saignement induit par l’aspirine s’expliquent par l’inhibition préférentielle de la cyclooxygénase plaquettaire.

  • Action anticancéreuse
    La majorité des études épidémiologiques montrent que l’aspirine inhibe le développement de certains cancers (cancer du colon, du poumon, du sein), mais son efficacité serait meilleure à des posologies supérieures à celles qui sont utilisées en cardiologie.
  • Action anti-inflammatoire, antalgique et antipyrétique
    À doses élevées (0,5 à 2 ou 3 g/jour), l’aspirine a un effet anti-inflammatoire, antalgique et antipyrétique qui est peut-être dû à sa très rapide transformation en acide salicylique. À ces doses, elle est surtout utilisée comme antalgique et antipyrétique. D’une manière générale, une fièvre inférieure à 39° ne doit pas être traitée par un antipyrétique.
    Son utilisation comme antipyrétique ou antalgique chez l’enfant doit être évitée car, en général la fièvre a un effet antiviral bénéfique et, surtout l’aspirine parait augmenter le risque d’apparition d’un syndrome particulier, rare et grave, le syndrome de Reye.
    En cas de surdosage, on observe, particulièrement chez le nourrisson, des intoxications se traduisant par des troubles neurologiques (agitation, troubles de la conscience) et respiratoires.

Au total, l’aspirine est un médicament qui, à doses faibles, de l’ordre de 50 à 150 mg/jour, réduit la fréquence des thromboses cérébrales et cardiaques et inhibe la croissance des tumeurs coliques et à doses plus élevées, 500 mg par prise, est efficace comme antalgique.

 

Aspirine

KARDÉGIC* Sachets à 75, 160, 300 et 500 mg
ASPÉGIC* Sachets à 75, 100, 250, 500 et 1000 mg, Inj
ASPRO* Cp sécables 320 et 500 mg
et diverses autres présentations

Remarque

L’acide salicylique est utilisé en pommades ou lotions pour son effet kératolytique dans le traitement de lésions cutanées hyperkératosiques ou sqameuses.

Prise concommittante d’aspirine à doses antiagrégantes (voir Coagulations) et un autre AINS comme anti-inflammatoire.
Les AINS mixtes comme l’ibuproféne pris avant l’aspirine pourraient réduire l’effet anti-agrégant de l’aspirine en l’empêchant d’acétyler la sérine de la COX-1. Chez les malades prenant de l’aspirine comme anti-agrégant il serait peut-être préférable de recourir aux coxibs plutôt qu’aux AINS mixtes comme l’ibuprofène.