Auteur : Pierre Allain

Anticorps : Métabolisme et effets

Métabolisme

Les immunoglobulines présentes à la surface des lymphocytes B sont synthétisées par eux. Ils les conservent à la surface de leur membrane plasmique où ils servent de récepteurs aux antigènes.

Les immunoglobulines circulantes sont libérées par les plasmocytes, descendants ultimes de la lignée des lymphocytes B.

Les immunoglobulines sont présentes :

  1. à la surface de diverses cellules :
    • lymphocytes B où l’on trouve surtout des IgM et des IgD synthétisées par eux.
    • macrophages, cellules NK (natural killer), mastocytes, qui ne les synthétisent pas mais les fixent par des récepteurs spécialisés FcR.
  2. dans le plasma ou le sérum (d’ou le terme de sérologie) et les liquides interstitiels, les sécrétions, le mucus, le lait. Dans le plasma, la demi-vie des immunoglobulines circulantes de classe IgG, est d’environ 21 jours, celle des IgA, IgM, IgD, IgE est inférieure à 7 jours. Il y a normalement de 8 à 15 g d’IgG par litre de plasma.

Effets

Les immunoglobulines ou anticorps ont plusieurs fonctions :

  1. Les anticorps fixés à la surface des lymphocytes B se comportent comme des récepteurs vis-à-vis des antigènes correspondants : l’antigène active le lymphocyte B quiescent. La fixation de l’antigène provoque :
    • la prolifération et la différenciation des lymphocytes B jusqu’au stade ultime de plasmocytes.
    • l’activation des lymphocytes T Helper : le lymphocyte B assimile par endocytose le complexe antigène-immunoglobuline, modifie l’antigène et le présente à sa surface dans la poche des molécules de classe II. Cet antigène ainsi présenté interagit avec les lymphocytes T Helper. Le lymphocyte B peut donc jouer le rôle de cellule présentatrice d’antigène.
  2. Les anticorps de classe IgG, IgA, IgE, provoquent des réactions cytotoxiques appelées ADCC (antibody-dependent cell-mediated cytotoxicity). Les antigènes de membrane d’une cellule cible, une bactérie par exemple, peuvent être reconnus par les IgG dont le fragment Fc acquiert à la suite de cette interaction une grande affinité pour les récepteurs Fc placés à la surface des cellules NK, des macrophages et des neutrophiles qui lysent la cellule cible.
  3. Le complexe antigène-immunoglobuline de type IgG ou IgM, et non l’immunoglobuline seule, en interagissant par son fragment Fc avec le composant C1 du complément, active la voie classique du complément. Le composant C1 activé a un effet protéolytique ou estérasique qui, en plusieurs étapes, aboutit à la synthèse de protéines appelés MAC (membrane attack complex) qui lysent les cellules cibles en créant des pores dans leur membrane.
  4. Les IgE déjà fixées à la membrane plasmique des mastocytes ou des basophiles, activées par l’arrivée d’un antigène spécifique qui réunit les fragments Fab des IgE, provoquent, par l’intermédiaire de leur fragment Fc, la dégranulation des mastocytes et la libération de divers messagers qu’ils contiennent.
  5. Les monocytes et les neutrophiles possèdent à leur surface des récepteurs pour la portion Fc du complexe antigène-anticorps. Ainsi activés, ils phagocytent le complexe : c’est l’opsonisation.
  6. Les IgA sont présents dans les sécrétions muqueuses qu’elles protègent contre les antigènes.