Auteur : Pierre Allain

Vaccins – Propriétés générales

Les vaccins sont composés de la totalité d’une bactérie ou d’un virus ou seulement d’une partie de ceux-ci, ou simplement d’une protéine comme l’anatoxine tétanique, exotoxine élaborée par Clostridium tetani.

Des antigènes peuvent également être obtenus par génie génétique et ensuite purifiés.

Inactivation

Le vaccin doit conserver un pouvoir antigénique suffisant pour susciter des réactions immunitaires : formation d’anticorps par activation des lymphocytes B et mise en alerte de lymphocytes T, mais il doit être dénué d’un pouvoir infectieux ou toxique. L’inactivation peut être obtenue soit en tuant la bactérie ou le virus, soit en atténuant son pouvoir infectieux. Il s’agit, dans ce dernier cas, d’un vaccin vivant comme le BCG, les vaccins contre la rubéole, la fièvre jaune etc.

Réponse immunitaire

L’immunisation nécessite l’intervention concertée des lymphocytes T et B :

  • Les lymphocytes T ne sont activés que par le peptide antigénique élaboré par une cellule présentatrice.
  • Les lymphocytes B reconnaissent directement les déterminants antigéniques de la molécule ou épitopes.

La réponse immunitaire dépend de la composition du vaccin, de sa voie d’introduction, de sa dose, du nombre d’administrations et de la présence ou non d’adjuvant.

  1. Composition du vaccin

    Un antigène de nature protéique, qu’il s’agisse d’un virus qui se comporte comme un antigène endogène lorsqu’il a utilisé la machinerie de la cellule hôte pour se reproduire, ou d’une protéine qui se comporte comme un antigène exogène, n’induit une réponse humorale, à savoir une formation d’anticorps, qu’en présence de lymphocytes T qui sécrètent des cytokines et activent les lymphocytes B en vue de la sécrétion d’anticorps. L’immunisation ainsi produite est de longue durée.
    Par contre, un antigène de nature polysaccharidique induit – en absence de lymphocytes T – par stimulation des lymphocytes B, la formation d’anticorps, en particulier de classe IgM. L’immunisation ainsi produite est d’assez courte durée et n’est pas obtenue avant l’âge de deux ans.

  2. Voie d’introduction

    L’administration de l’antigène par la voie sous-cutanée ou intradermique, voies habituelles des vaccins, entraîne une forte réponse immunitaire alors que l’administration par voie intraveineuse, surtout à fortes doses, n’est pas très immunogène, et peut même induire un état de tolérance.
    Certains vaccins, en particulier le vaccin poliomyélitique vivant mais atténué, s’administrent par voie buccale.
    D’autres vaccins utilisés dans la prévention des infections des voies aériennes peuvent s’administrer par voie perlinguale ou par voie locale, nasale et bronchique.

    Remarque
    Un virus recombinant ayant la capacité d’induire la synthèse de l’antigène vaccinal peut être utilisé comme moyen de vaccination. Ainsi, un virus de la vaccine exprimant un antigène du virus rabique est utilisé par voie orale pour immuniser les renards contre la rage.

  3. Dose d’antigène

    D’une manière générale, de très fortes doses d’un antigène ou son administration répétée à très faible dose inhibent la réponse immunitaire (tolérance).

  4. Répétition de l’administration

    Les vaccins s’administrent habituellement en trois fois séparées par un intervalle d’environ un mois.
    La première administration dite sensibilisante entraîne une réponse primaire de faible intensité et transitoire. La deuxième et la troisième administrations entraînent une réponse dite secondaire beaucoup plus intense et durable que la première. Les administrations postérieures à l’administration sensibilisante font intervenir la mémoire immunitaire, probablement liée à la longue durée de vie de certains lymphocytes T et B.

    Influence d’injections successives d’un antigène

    Certains vaccins ne demandent qu’une seule administration, le rappel se faisant par exemple un an plus tard dans le cas de grippe, ou dix ans plus tard dans le cas de fièvre jaune. Un rappel un an, et éventuellement plusieurs années, plus tard réactive la réponse immunitaire. Comme la demi-vie des anticorps, en particulier celle des IgG qui est la plus longue, est seulement de 21 jours, il faut admettre que les lymphocytes B stimulés par le vaccin continuent à synthétiser des anticorps longtemps après la vaccination. Cette persistance s’explique par la longue durée de vie, de l’ordre de plusieurs années, de certains lymphocytes. Par ailleurs des infections inapparentes lors de diverses épidémies peuvent réactiver le système immunitaire. Le taux de séroconversion mesuré à l’aide d’un test déterminé désigne le pourcentage de sujets initialement séronégatifs qui deviennent séropositifs après vaccination.

  5. Présence d’adjuvants

    La présence d’alumine, hydroxyde ou phosphate d’aluminium sur lesquels est adsorbé le vaccin renforce la réponse immunitaire; ces produits sont appelés adjuvants.