Auteur : Pierre Allain

Eicosanoïdes – Effets

Les prostaglandines, les thromboxanes et les leucotriènes exercent leurs effets en agissant sur des récepteurs liés aux protéines G par l’intermédiaire soit de l’adénylcyclase qu’ils stimulent ou inhibent, soit de la phospholipase C. Ces récepteurs ont été désignés par des lettres DP, EP, FP, IP, TP…

Les effets des prostaglandines, des thromboxanes et des leucotriènes sont très complexes, chaque molécule a ses particularités et il est difficile de dresser un tableau de leur rôle respectif. Cependant, au risque de certaines inexactitudes, il faut retenir leurs propriétés essentielles, d’où découlent des applications thérapeutiques.

Effets des prostaglandines PGE et PGI2

Les effets des prostaglandines sont multiples, complexes, ambivalents c’est à dire pouvant être bénéfiques ou indésirables selon les circonstances.

Les PGE et PGI2 ont des effets généralement « bénéfiques » :

  • Vasodilatation mais avec possibilité de céphalées
  • Effet antiagrégant plaquettaire
  • La PGE et surtout la PGI2 réduiraient la gravité de l’infarctus du myocarde par un effet cytoprotecteur de mécanisme mal connu. Elles s’opposeraient également au développement de l’athérome.
  • Augmentation du débit sanguin rénal, diminution de la réabsorption de sodium et d’eau
  • Inhibition de la sécrétion gastrique
  • Effet bronchodilatateur
  • La PGE2 inhibe la 5-lipooxygénase et diminue la biosynthèse des leucotriènes
  • Certaines prostaglandines interviendraient dans la régulation du sommeil : la PGE2 favoriserait l’éveil alors que la PGD2 favoriserait le sommeil.
  • Chez la femme enceinte, elles favorisent la dilatation du col et le déclenchement de contractions utérines.
  • Chez le foetus, elles maintiennent ouvert le canal artériel ou ductus arteriosus et l’inhibition de leur synthèse par un anti-inflammatoire non stéroïdien peut accélérer sa fermeture qui normalement ne s’effectue que 24 heures après la naissance.
  • La PGF2a abaisse la pression intra-oculaire par augmentation de l’efflux de l’humeur aqueuse.

Les prostaglandines peuvent avoir des effets indésirables :

  • Elles interviennent, ainsi que de très nombreuses autres substances, médiateurs et cytokines, dans les réactions inflammatoires.
  • Elles ont une action algogène, nociceptive. Au niveau des terminaisons sensitives, les prostaglandines PGE 2 , PGI 2 ont un effet nociceptif.
  • Elles interviennent dans de la fièvre. La PGE 2 , ainsi que l’interleukine-1B et le TNF a (tumor necrosis factor) qui provoquent sa libération, peut donner de la fièvre.

La distinction entre effets bénéfiques et néfastes est difficile. Ainsi, la réaction inflammatoire qui est souvent un mécanisme de défense initialement utile peut devenir handicapante et pénible.

 

ORGANES

EFFETS

PROSTAGLANDINES ET THROMBOXANES

Vaisseaux

vasoconstriction
vasodilatation

PGF2, TXA2
PGI2 (le plus actif), PGE

Plaquettes

pro-agrégant
anti-agrégant

TX
PGE, PGI2

Bronches

contraction
dilatation

PGF, TXA2
PGE, PGI2

Intestin

nausées, diarrhée

PGE, PGF

Estomac

diminution de la sécrétion gastrique

PGE, PGI2

Utérus

contractions

PGE, PGF

Rein

augmentation du débit sanguin rénal

PGE1, PGI2

Principaux effets des prostaglandines et des thromboxanes

Effets des thromboxanes

Le thromboxane A2 (TXA2) a un effet vaso-constricteur et un effet proagrégant plaquettaire, généralement néfastes. Elles seraient impliquées dans la pathogénie de l’asthme.

Effets des leucotriènes

Les leucotriènes LTC4, LTD4 et LTE4 qui comportent un reste cystéinyl, agissent sur au moins deux types de récepteurs. Ils provoquent une agrégation plaquettaire, une augmentation de la perméabilité capillaire et un oedème, ainsi qu’une bronchoconstriction avec hypersécrétion bronchique. Ils interviennent dans le chimiotactisme des polynucléaires neutrophiles. Ils jouent aussi un rôle dans la physiopathologie de l’asthme, des manifestations rhumatismales et allergiques, dans les maladies inflammatoires coliques et le psoriasis. Ils joueraient un rôle dans le développement de certaines tumeurs (cancers du sein, du poumon, de la prostate).

Effets de l’anandamide

L’anandamide, dérivé de l’acide arachidonique, a une grande affinité pour les récepteurs cérébraux du D-9tétrahydrocannabinol, produit actif du cannabis ou chanvre indien ou marijuana et est considéré comme l’agoniste endogène de ces récepteurs. Le 2-arachidonyl-glycérol est également un agoniste endogène des récepteurs du cannabis. Le terme anandamide vient du sanskrit ananda qui signifie béatitude.

Il existe deux types de récepteurs des cannabinoïdes, l’un appelé CB1, présent surtout au niveau du système nerveux central, et l’autre CB2, surtout présent à la périphérie au niveau du système immunitaire. La stimulation du récepteur CB1, le mieux connu, provoque une analgésie et divers effets psychologiques : euphorie, détente, difficulté à penser, à mémoriser, altération des perceptions visuelles et auditives, somnolence, et d’autres effets comme l’abaissement de la température corporelle et des modifications des sécrétions endocrines. Le cannabis qui est largement utilisé d’une manière illicite comme drogue a été proposé dans le traitement des vomissements incoercibles et comme stimulant de l’appétit. Il pourrait également réduire la spasticité et les tremblements de certaines atteintes neurologiques. L’activation des récepteurs CB2 a un effet antinociceptif par libération d’opioïdes endogènes comme la bêta-endorphine à la périphérie.

La nabilone, non commercialisée en France, est un cannabinoïde de synthèse utilisé dans certains pays comme antiémétique et antiglaucomateux. Des inhibiteurs de la recapture et de l’hydrolyse de l’anandamide sont en cours d’étude. Une faible quantité d’anandamide a été trouvée dans le chocolat. Le D-9tétrahydrocannabinol est utilisé en thérapeutique aux USA, par prescription médicale, sous le nom de dronabinol ou MARINOL*. Il s’administre par voie orale sous forme de capsules comme stimulant de l’appétit et antiémétique. Les précautions d’emploi insistent sur le risque de dépendance, sur le risque accru d’accident en cas de conduite automobile par exemple et sur le danger de l’associer à certains autres médicaments et à l’alcool.