Accessibilité du RCP d’un médicament en début 2004

Savoir si un médicament est commercialisé en France n’est pas toujours aisé. Trouver le RCP d’un médicament commercialisé peut aussi être une tache difficile.

Prenons un exemple: adrénaline en seringue auto-injectable et consultons le "Répertoire des spécialités pharmaceutiques" de l’Afssaps, le "Dictionnaire Vidal" et l’EMEA (European Agency for the Evaluation of Medicinal Products).

Dans le "Répertoire des spécialités pharmaceutiques" de l’ Afssaps, on trouve , à condition de savoir au préalable comment elles s’appellent , 3 spécialités : Anahelp, Anakit et Anapen. Pour Anahelp et Anakit on apprend qu’elles sont commercialisées mais on n’a pas accès à leur RCP. Par contre pour Anapen on a le RCP et une notice très détaillée mais on ne sait pas si elle est commercialisée puisqu’on lit "Déclaration de commercialisation non communiquée".

Dans le Dictionnaire Vidal 2003 (le 2004 va sortir bientôt) on trouve une seule spécialité, Anahelp, mais avec son RCP et son prix 9,06€..

A l’EMEA (sur internet) : aucune spécialité à base d’adrénaline n’est citée.

En réalité d’après les informations obtenues par téléphone auprès des laboratoires concernés, Anahelp est commercialisé, la commercialisation d’Anakit a été arrêtée, Anapen est commercialisé mais seulement à l’hôpital, pas en officine!

Reprenons les choses d’une manière plus générale.

Le "Répertoire des spécialités pharmaceutique" de l’Afssaps, est un document informatique, sans équivalent papier, centré sur l’AMM et apparemment plus conçu par l’Afssaps pour son propre usage que pour celui des médecins et des malades. On y trouve un nombre limité de RCP et pas de prix.

Le Dictionnaire Vidal, produit Vidal le mieux connu (car il y a d’autres produits Vidal) existe parallèlement sous forme informatique sous le nom de vidalpro.net. Le contenu du Dictionnaire et de vidalpro.net est le même et est techniquement d’excellente qualité, même si quelques spécialités n’y sont pas répertoriées. En effet, l’introduction des spécialités pharmaceutiques dans le Dictionnaire Vidal et dans le vidalpro est faite à la demande des laboratoires pharmaceutiques moyennant paiement et certains laboratoires, pour des raisons financières ou autres, n’y font pas figurer certaines de leurs spécialités.

A l’EMEA on trouve une bonne documentation, dont le RCP, en plusieurs langues, concernant seulement les médicaments qui ont obtenu récemment une AMM européenne. Mais on ne sait pas s’ils sont effectivement commercialisés dans les différents pays européens et on n’a pas non plus d’indications sur leur prix.

L’Afssaps et l’EMEA sont accessibles gratuitement à tous, professionnels de santé ou non. Pour le Vidal, c’est plus compliqué. Le Dictionnaire Vidal, la forme papier, est accessible à tous puisqu’il est en vente dans les grandes librairies et sur internet au prix d’environ 150 €.. Par contre le vidalpro.net est strictement réservé aux professionnels de santé, sur justifications. Par ailleurs les deux formes, le Dictionnaire et Vidalpro.net, sont mises gratuitement à la disposition des médecins praticiens du secteur privé mais pas à celle des médecins du secteur public ni des pharmaciens. Les Hôpitaux auraient avec le groupe Vidal des contrats annuels pour mise à disposition du vidalpro.net.

En résumé, en France aujourd’hui, si on exclut l’EMEA qui ne répertorie qu’un nombre restreint de médicaments, on a le répertoire de l’Afssaps, accessible à tous mais encore très incomplet et l’information Vidal, techniquement de très bonne qualité, mais sa distribution sélective notamment par internet n’en fait pas un outil de large diffusion de la connaissance des médicaments à l’échelle nationale et internationale.

Si on considère le RCP comme un document public utile, il devrait être accessible à tout le monde, professionnels de santé et grand public. Cette accessibilité n’était pas matériellement possible lorsque seule la forme papier existait mais maintenant par internet elle est possible et pourtant ce n’est pas fait.

Le groupe Vidal est évidemment libre de donner l’information qu’il a recueillie à qui il veut sans obligation de la mettre à la disposition du public. La création par l’Afssaps d’un Répertoire des spécialités pharmaceutiques officiel était une excellente initiative mais ce répertoire reste bien incomplet et donc d’intérêt limité.

Alors quelle solution ? Pour sortir rapidement de cette situation il me semble que chaque laboratoire pharmaceutique devrait mettre en ligne, en français, la liste de tous les médicaments qu’il commercialise en France, ainsi que leur RCP (et peut-être leur notice) établi selon un modèle standard.

Internet permet en effet aux laboratoires pharmaceutiques d’afficher toutes les informations légales qu’ils possèdent déjà sous forme informatisée (ceci en dehors de l’aspect publicitaire qui a aussi sa place mais ailleurs) concernant les médicaments qu’ils commercialisent et de faire connaître instantanément toute modification, mise en garde, introduction d’un nouveau médicament, retrait d’un ancien etc. Les données venant de chaque laboratoire pourraient être rassemblées et traitées par d’autres sites pour en faciliter la consultation. L’Afssaps aurait la charge de contrôler l’exactitude des données, de signaler les anomalies et d’exiger leurs corrections!

La mise en place rapide de cet outil est nécessaire pour les français eux-mêmes mais aussi pour tous les francophones à travers le monde.

Alors que sur Internet la publicité pour de vrais ou de faux médicaments et divers produits dits de santé ne manque pas, la documentation sérieuse dont fait partie le RCP est difficile à obtenir. Doit-on continuer comme ça alors qu’on a la possibilité immédiate de faire mieux ?

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