Auteur : Pierre Allain

Antibiotiques agissant au niveau des sous-unités ribosomales 50 s

Les médicaments qui perturbent le fonctionnement des sous-unités ribosomales 50 S ont des propriétés antibiotiques; ce sont les macrolides, le chloramphénicol et l’acide fusidique.

Macrolides

Les principaux macrolides sont l’érythromycine, la spiramycine, la midécamycine, la josamycine, la roxithromycine, la dirithromycine, la clarithromycine et l’azithromycine.

 

Les macrolides inhibent la synthèse protéique en se fixant sur la sous-unité ribosomale 50 S.

Ils pénètrent dans les bactéries sous la forme non ionisée qui est prédominante à pH alcalin. Les bactéries Gram positif accumulent environ 100 fois plus de macrolides que les germes Gram négatif, ce qui explique leur action prédominante sur les germes Gram positif.

Les macrolides ont une activité bactériostatique ou bactéricide selon leur concentration et la sensibilité des germes. Ils sont efficaces sur les cocci Gram positif aérobies et anaérobies, les cocci gram négatif, comme les gonocoques et les méningocoques, les bacilles gram négatif comme Hélicobacter pylori, et des germes comme Legionella pneumophilia, Mycoplasma, Clamydia. En France, actuellement, un quart des pneumocoques sont résistants aux macrolides.

La spiramycine est de plus utilisée dans le traitement de la toxoplasmose de la femme enceinte (provoquée par Toxoplasma gondii, parasite protozoaire intracellulaire).

La résistance aux macrolides est la conséquence d’une diminution de leur pénétration cellulaire, de leur hydrolyse par des estérases et de modifications ribosomales.

Sur le plan pharmacocinétique, il faut noter que l’érythromycine peut être inactivée par le liquide gastrique acide, qu’elle a une bonne diffusion tissulaire, sauf dans le liquide céphalorachidien.

L’érythromycine inhibe le catabolisme de plusieurs médicaments comme l’ergotamine, la carbamazépine, la ciclosporine, le cisapride, la digoxine, la warfarine, la bromocriptine, l’astémizole. Cette inhibition peut entraîner des élévations importantes de la concentration plasmatique d’un autre médicament administré en même temps et être à l’origine d’effets indésirables parfois graves, comme ceux qui ont été observés avec l’ergotamine.

La spiramycine n’entraîne pas ces interactions de type pharmacocinétique et les macrolides récemment commercialisés, d’après les études effectuées sur les cytochromes P-450, en entraîneraient moins que l’érythromycine, mais en pratique, il faut éviter leur association aux médicaments précédemment cités.

 

érythromycine

ABBOTICINE* Sirop
ÉRYTHROCINE* Cp, Sirop, Poudre orale, Inj
ÉRYTHROGEL* formes locales

Josamycine

JOSACINE* Cp 500 mg, Sol buv, Poudre orale

Midécamycine

MOSIL* Cp

Spiramycine

ROVAMYCINE* Cp 1,5 et 3 M/U, Sirop, Sol buv, Inj

Roxithromycine

CLARAMID* Cp 50, 100, 150 m, Poudre orale
RULID* Cp 50, 100, 150 mg, Poudre orale

Dirithromycine

DYNABAC* Cp 250 mg

Clarithromycine

ZÉCLAR* Cp 250 et 500 mg
NAXY* Cp 500 mg

Azithromycine

ZITHROMAX* Cp
ZITHROMAX* MONODOSE, Cp

La clarithromycine est utilisée dans le traitement de diverses infections : sinusites, bronchites, pneumopathies (Cp à 250 mg) et à posologie plus élevée (Cp à 500 mg) dans celui des infections à Mycobacterium avium chez les patients infectés par le VIH ainsi que pour l’éradication de Helicobacter pylori. Le catabolisme de la clarithromycine est dose-dépendant, ce qui signifie que sa concentration dans l’organisme augmente plus fortement que ne le laisserait supposer l’augmentation de sa posologie.

L’azithromycine est utilisée dans le traitement des angines et pneumopathies, et sous forme de monodose dans celui des uréthrites non gonococciques à Chlamydia trachomatis.

Les principaux effets indésirables des macrolides sont de type allergique : fièvre, éruption, éosinophilie, ainsi que des troubles auditifs surtout après administration parentérale, comme avec les aminosides : bourdonnements, perte de l’acuité auditive.

Les manifestations digestives observées au cours des traitements par l’érythromycine ne sont généralement pas la conséquence de son effet antibiotique mais de son pouvoir de libérer de la motiline ou d’activer les récepteurs à la motiline. Des dérivés de l’érythromycine sans effet antibiotique pourraient être utilisés pour stimuler la motilité intestinale et traiter la constipation.

Les synergystines, encore appelées streptogramines, les lincosanides ainsi que la télithromycine sont habituellement rattachées au groupe des macrolides.

Les synergystines sont la pristinamycine et la virginiamycine, cette dernière n’est plus commercialisée. Elles ont un spectre d’action relativement large mais sont surtout utilisées dans le traitement des infections à staphylocoques. La pristinamycine peut être à l’origine de réactions allergiques et d’atteintes cutanées parfois sévères.

 

Pristinamycine

PYOSTACINE* Cp

La quinupristine-dalfopristine est une association de deux nouveaux antibiotiques semi-synthétiques dérivés de la pristinamycine qui agissent au niveau des sous-unités ribosomales 50 S et inhibent la synthèse protéique bactérienne. L’association s’administre par voie parentérale. Elle est active contre des germes Gram positif comme les staphylocoques, les pneumocoques et les entérocoques résistants à la méthicilline et à la vancomycine.

 

Quinupristine +dalfopristine

SYNERCID* IV perfusion

Les lincosanides, clindamycine et lincomycine, ont un spectre d’action semblable à celui de l’érythromycine mais une meilleure activité contre les bactéries anaérobies. Elles ont des propriétés similaires, mais la clindamycine serait plus active.

 

Clindamycine

DALACINE* Cp 75 et 150 mg, Inj

Lincomycine

LINCOCINE* Gélules, Inj

Le principal effet indésirable des lincosamides est l’apparition d’une colite pseudomembraneuse, parfois grave, provoquée par Clostridium difficile et que l’on peut traiter par des antibiotiques comme la vancomycine ou le métronidazole.

La télithromycine, dérivé semi-synthétique de l’érythromycine est classée parmi les kétolides parce qu’elle comporte une fonction cétone mais est rattachée aux macrolides. Elle est utilisée dans le traitement des pneumonies, des bronchites et des sinusites aiguës; Elle peut également être utilisée dans le traitement des angines à streptocoques bêta hémolytique du groupe A. Elle tend à allonger l’espace QT et est contre-indiquée chez les malades ayant un QT long ou une bradycardie. Elle inhibe les cytochromes de type CYP 3A4 avec, comme conséquence, de très nombreuses interactions médicamenteuses. Elle peut donner divers troubles visuels réversibles et des atteintes hépatiques parfois graves.

 

Télithromycine

KETEK Cp 400 mg

Chloramphénicol et thiamphénicol

Le chloramphénicol et le thiamphénicol ont une activité antibiotique de type bactériostatique à large spectre. Ils sont actifs sur la quasi-totalité des germes Gram négatif, Salmonella typhi, Brucella, ainsi que sur les cocci Gram positif comme Clostridium.

Ils inhibent la synthèse protéique bactérienne en se fixant à la sous-unité 50 S ribosomale, sur un site accepteur proche mais différent de celui de la clindamycine et des macrolides, ils empêchent l’adjonction d’un amino-acyl-tRNA à la chaîne polypeptidique naissante.

Ils inhibent également la synthèse protéique par les ribosomes des mitochondries.

Le chloramphénicol inhibe de plus la synthèse protéique des cellules érythropoïétiques des mammifères.

La résistance provient de la synthèse par la bactérie d’une acétyl-transférase d’origine plasmidique qui les inactive par acétylation.

Sur le plan pharmacocinétique, ils ont une bonne absorption digestive, une distribution large, une bonne pénétration dans le liquide céphalorachidien.

Le chloramphénicol n’est commercialisé en France que sous forme de collyre.

 

Chloramphénicol

CÉBÉNICOL* Collyre

Choramphénicol + dexaméthasone CEBEDEXACOL* Collyre

Le thiamphénicol est commercialisé sous forme de comprimés et d’une préparation injectable. Il est indiqué dans les infections à germes résistants aux autres antibiotiques.

 

Thiamphénicol

THIOPHÉNICOL* Cp, Inj

Leurs principaux effets indésirables sont les atteintes de la moelle osseuse, anémies aplastiques, agranulocytoses, thrombocytopénies, parfois mortelles, mais le thiamphénicol est mieux toléré sur le plan hématologique que le chloramphénicol. En cas de prescription de l’un de ces deux antibiotiques, une surveillance de l’hémogramme est nécessaire. On a suspecté les formes locales, les collyres à base de chloramphénicol, d’être à l’origine d’accidents hématologiques. Une étude récente semble indiquer que ce n’est pas le cas, ce qui ne doit pas inciter à le prescrire lorsque ce n’est pas indispensable.

Le linézolide, antibiotique de type oxazolidone, agit également au niveau de la sous-unité 50S. Il est actif contre des germes résistants aux autres antibiotiques, notammant les staphylocoques. Il a une faible activité IMAO. Parmi les effets indésirables graves du linézolide on peut citer des neuropathies périphériques, des neuropathies optiques et des anémies et des thrombopénies. Voir : ZYVOXID* (Linézolide).

 

Linézolide

ZYVOXID* Cp, Inj, susp. buvable

Retapamuline

La répamuline est un dérivé semi-synthétique de la pleuromutiline.

La rétapamuline inhibe la synthèse des protéines bactériennes en agissant au niveau des ribosomes, de la sous unité 50 S et plus précisément la composante 23S rRNA, inhibant ainsi l’activité peptidyl transférase. Elle est active contre Staphylococcus aureus et Staphylococcus pyogenes et est en cours de commercialisation (2008) sous forme de pommade (ALTARGO*) destinée au traitement de l’impétigo.

Acide fusidique

L’acide fusidique possède une structure stéroïde. Il inhibe la synthèse protéique en se fixant au facteur d’élongation EF-G, couplé à la GTPase. Il empêche ainsi la poursuite de la fixation des amino-acyl-tRNA.

L’acide fusidique exerce à faible concentration un effet bactériostatique, à plus forte concentration un effet bactéricide sur les germes Gram positif, en particulier Staphylococcus aureus. Il est inactif sur les germes Gram négatif.

L’acide fusidique est utilisé comme antistaphyloccique en association avec un aminoside ou une ß-lactamine.

 

Acide fusidique

FUCIDINE* cp, Sol buv, Inj, Crème, Pommade
FUCITHALMIC* Gel ophtalmique