Auteur : Pierre Allain

Enképhalinomimétiques – Morphiniques antitussifs et antidiarrhéiques

Antitussifs

Un certain nombre de dérivés de la morphine sont utilisés comme antitussifs, dits opiacés, ce sont la codéine et la codéthyline ou éthylmorphine, le dextrométhorphane, la noscapine, la pholcodine.

Dans les spécialités pharmaceutiques, ces dérivés morphiniques sont souvent associés à diverses substances d’origine végétale, considérées comme antiseptiques pulmonaires.

 

Codéine

NÉO-CODION* Cp, Sup, Sirop

Codéthyline ou éthylmorphine

EPHYDION* Sirop, Sol.buvable

Dextrométhorphane

DEXIR* Sirop
TUXIUM* Capsules
DEXTROCIDINE* Sirop

Pholcodine

RESPILENE* Cp, Sirop

Noscapine

TUSSISÉDAL* Sirop (+ prométhazine)

Remarques

  1. Il existait plusieurs antitussifs considérés comme non opiacés. La plupart d’entre eux, dont le clobutinol SILOMAT*, ne sont plus commercialisés.
  2. La toux peut être le symptôme d’une maladie dont il faut faire le diagnostic, ou bien le moyen d’assurer l’expectoration. Dans ces deux cas, son traitement est inutile et déconseillé. Seules les toux sèches, irritatives, méritent un traitement symptomatique.

Antidiarrhéiques

Les antidiarrhéiques morphiniques, en diminuant les sécrétions digestives et en ralentissant le transit, constituent un traitement symptomatique des diarrhées aiguës et chroniques. Ils ne dispensent pas d’un traitement étiologique éventuel : anti-infectieux, antifongique.

La poudre d’opium a été très utilisée sous le nom d’élixir parégorique.

 

Elixir parégorique

PARÉGORIQUE LAFRAN* Cp

Actuellement, la poudre d’opium est remplacée par des morphiniques de synthèse, dérivés de la phényl-pipéridine, notamment le lopéramide, à ne pas prescrire avant l’âge de deux ans. Le lopéramide peut être administré sous forme d’oxyde qui est progressivement transformé au cours de son transit digestif en lopéramide. L’oxyde de lopéramide est moins absorbé par le tube digestif que le lopéramide lui-même.

 

Lopéramide

IMODIUM* Gélules, Sol buv

Oxyde de lopéramide

ARESTAL* Cp

L’acétorphan, appelé maintenant racécadotril, en inhibant des enképhalinases augmente la concentration des enképhalines au niveau du tube digestif, mais pas au niveau du système nerveux car il ne pénètre guère dans le cerveau. Il est indiqué dans le traitement symptomatique des diarrhées.

 

Racécadotril

TIORFAN* Gélules, Sachets-doses

Remarque

La trimébutine (DEBRIDAT*), utilisée dans le traitement des troubles fonctionnels intestinaux, a plusieurs propriétés, dont un effet agoniste sur les récepteurs enképhalinergiques périphériques.

4 commentaires on “Enképhalinomimétiques – Morphiniques antitussifs et antidiarrhéiques

  1. – Pourquoi est-ce que l’acétorphan a changé sa DCI en racécadotril?
    – J’ai lu que cette molécule avait été obtenue par drug design, mais que le résultat n’a pas correspondu aux attentes de départ. Quelqu’un en connait-il plus sur cette histoire?

    • Je n’ai pas fait l’historique du développement du racécadotril et je vous réponds simplement de mémoire. Je n’ai pas connaissance des raisons qui ont conduit au changement de DCI de acétorphan en racécadotril, je suppose que rac indique qu’il s’agit d’un racémique; un isomère est appelé sinorphan et aussi écadotril. Ces produits ont été développés en France à partir de 1980 par B. Roques dans l’idée que l’inhibition des enképhalinases renforcerait l’action des enképhalines endogènes non inactivées. Ceci s’est révélé exact à la périphérie, tube digestif, mais pas au niveau du système nerveux central puisque le racécadotril ne pénêtre pas dans le cerveau. Par ailleurs le « filière » inhibiteurs des enképhalinases n’ pas conduit, à ma connaissance, à la sortie d’un analgésique central pouvant concurrencer la morphine.

  2. Que penser des effets secondaires atropiniques potentiels de la Trimébutine, utilisée à tout va chez le nourrisso et le jeune nfant, parfois à des doses trop élevées d’après le RCP? Merci de votre réponse.

    • La trimébutine est un vieux médicament connu depuis 1963 et classé comme antispasmodique. Le principal mécanisme d’action qui lui a été attribué récemment est un effet agoniste sur les récepteurs des opioïdes, voir cette publication.

      Un effet anticalcique a aussi été proposé.

      Je ne sais pas si la trimébutine a en plus des propriétés atropiniques, j’aurais voulu trouver les publications initiales où cette possibilité a certainement été envisagée mais je n’ai pas réussi à les avoir.

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