Auteur : Pierre Allain

Oxygène – Utilisation thérapeutique

On distingue deux modalités d’administration de l’oxygène, l’oxygénothérapie conventionnelle et l’oxygénothérapie hyperbare. L’oxygène, appelé oxygène médical, est disponible en bouteilles de différentes contenances. Il peut également être obtenu à partir de l’air au moyen d’appareils appelés extracteurs ou concentrateurs.

Oxygénothérapie conventionnelle

L’oxygénothérapie conventionnelle se fait à la pression atmosphérique qui est, par définition, de une atmosphère ou 760 mmHg, par inhalation avec canule ou masque ou par intubation. Elle est utilisée pour la prévention et la correction d’hypoxies aiguës ou chroniques, comme celle de la bronchopneumopathie chronique obstructive, en milieu hospitalier et aussi à domicile au moyen notamment d’appareils produisant de l’oxygène à partir de l’air.

L’oxygène pur en inhalation constitue un des meilleurs traitements de l’algie vasculaire de la face.

Oxygénothérapie hyperbare

L’oxygénothérapie hyperbare est effectuée dans un caisson à compression où le malade respire de l’oxygène pur à une pression supérieure à une atmosphère. On distingue les caissons monoplaces, pressurisés avec de l’oxygène pur, et les caissons multiplaces, pressurisés avec de l’air et où le patient reçoit de l’oxygène pur par masque.

Dans les conditions normales, l’hémoglobine est, au niveau des alvéoles pulmonaires, à 98% sous forme d’oxyhémoglobine, c’est-à-dire quasi saturée. Il n’est donc pas possible d’augmenter l’oxygénation des tissus en augmentant la capacité de transport de l’hémoglobine. L’oxygène étant peu soluble dans le plasma, si l’on veut augmenter l’oxygénation par transport plasmatique, il faut utiliser l’oxygène pur à pression élevée en plaçant le malade dans une chambre hyperbare. Dans ces conditions le plasma se charge en oxygène au niveau du poumon et le véhicule jusqu’aux organes

L’oxygénothérapie hyperbare a plusieurs indications :

  • Traitement des intoxications par le monoxyde de carbone, avec de bons résultats, ainsi que les intoxications cyanhydriques
  • Traitement de l’hypooxygénation de certains tissus par insuffisance circulatoire (greffes cutanées, brûlures étendues, artérite)
  • Traitement de certaines infections, pour améliorer les défenses antibactériennes, l’oxygène pouvant avoir de plus un effet bactéricide
  • Traitement de l’embolie gazeuse, maladie de décompression.

Effets indésirables

L’oxygène peut être toxique par formation de radicaux libres, notamment l’anion superoxyde O2, à l’origine de la peroxydation des lipides membranaires, au niveau du poumon, du système nerveux central et de la rétine.

  • Sur le plan pulmonaire, l’inhalation d’oxygène pur pendant 12 heures entraîne des symptômes d’irritation et au bout de 24 heures des réactions inflammatoires, un dème pulmonaire conduisant à une hypoxie. C’est l’endothélium capillaire qui est le plus sensible à la toxicité de l’oxygène.
  • Sur le système nerveux central, la toxicité de l’oxygène se manifeste rapidement et se traduit par des troubles visuels, des contractions musculaires, des convulsions.
  • Sur la rétine, le traitement des nouveau-nés et surtout des prématurés par oxygénothérapie peut entraîner une atteinte appelée fibroplasie rétrolentale ou rétinopathie des prématurés.

La tolérance à l’oxygène est améliorée par des administrations discontinues, les périodes d’hyperoxie alternant avec des périodes d’hypoxie.

Enfin un barotraumatisme de l’oreille dû à l’hyperpression et à une mauvaise perméabilité de la trompe d’Eustache est possible.