Auteur : Pierre Allain

Or, pharmacologie

L’or est un élément rare. On n’en trouve pas dans les tissus des sujets qui n’ont pas été traités par des médicaments à base d’or. Il n’a pas de rôle physiologique connu.

L’or élémentaire a été utilisé en thérapeutique comme antituberculeux. L’observation, en partie fortuite, d’une amélioration de la polyarthrite rhumatoïde chez un tuberculeux traité par les sels d’or, a conduit à son utilisation en rhumatologie.

L’or est actuellement utilisé dans le traitement de fond de la polyarthrite rhumatoïde sous forme de complexes organométalliques, l’aurothiopropanolsulfonate de sodium, qui s’administre par voie intramusculaire, d’abord une fois par semaine puis une fois toutes les deux ou trois semaines, et l’auranofine qui s’administre par voie buccale en deux prises quotidiennes.

À doses thérapeutiques, le traitement par les sels d’or, ou chrysothérapie, réduit, après un temps de latence de trois à six mois, la gravité des symptômes articulaires de la polyarthrite rhumatoïde. Les rhumatologues considèrent que la forme injectable, l’aurothiopropanolsulfonate, est plus active que la forme orale.

 

Aurothiopropanol- sufonate de sodium

ALLOCHRYSINE Lumière* Inj IM 25, 50 et 100 mg

Auranofine

RIDAURAN* Cp 3 mg

Le mécanisme d’action de l’or reste mal connu, mais il est très probable qu’il interagit avec des groupes SH et modifie certaines réactions immunitaires et diverses réactions enzymatiques.

Les données pharmacocinétiques, en particulier celles qui concernent l’aurothiopropanolsulfonate de sodium, sont très incomplètes et il n’existe pas de schéma d’adaptation de posologie en fonction des concentrations plasmatiques mesurées au long cours.

Les effets indésirables de la chrysothérapie sont nombreux, pouvant parfois conduire à l’arrêt du traitement :

  • Signes cutanés : prurit, éruptions, érythrodermies, lichen aurique
  • Néphropathies avec protéinurie
  • Altérations hématologiques (éosinophilie, neutropénie, thrombopénie, aplasie médullaire avec pancytopénie
  • Atteinte hépatique (hépatite avec cholestase), pulmonaire (pneumopathie aurique), digestive (stomatite, vomissements, diarrhée, saignements, douleurs abdominales), oculaire (chrysiase cornéenne c’est-à-dire dépôt d’or dans la cornée).

L’utilisation des sels d’or est contre-indiquée chez la femme enceinte.

L’apparition d’un effet indésirable mineur ne justifie pas l’interruption du traitement.

Compte tenu de la fréquence et du grand nombre des effets indésirables des dérivés de l’or, leur prescription est réservée au traitement des formes graves de polyarthrite rhumatoïde non améliorées par d’autres traitements.