Auteur : Pierre Allain

Antihistaminiques H1

Les inhibiteurs des récepteurs de l’histamine sont généralement appelés antihistaminiques et classés en 2 groupes, H1 et H2.

Les antihistaminiques H1 sont utilisés depuis plus de cinquante ans dans le traitement dediverses manifestations d’origine allergique.

Effets

Les antihistaminiques H1, en se fixant sur les récepteurs H1, inhibent d’une manière compétitive les effets H1 de l’histamine et plus particulièrement l’effet vasodilatateur et l’augmentation de la perméabilité capillaire à l’origine des réactions œdémateuses. Ils ne s’opposent pas aux réactions antigène/anticorps, ni à la libération d’histamine. Par ailleurs, outre leur effet antihistaminique, beaucoup de produits ont un ou plusieurs effets pharmacologiques parallèles, par exemple atropinique ou adrénolytique, également à prendre en compte.

Utilisation thérapeutique

Les antihistaminiques H1 sont utilisés pour le traitement symptomatique de diverses manifestations allergiques cutanées (urticaire) ou muqueuses (rhinite, rhume des foins, conjonctivite). Ils ne sont pas efficaces dans l’asthme. Insuffisants à eux seuls pour traiter un choc anaphylactique ou un œdème du larynx, ils pourraient les prévenir.

Il est habituel de classer les antihistaminiques H1 soit en fonction de leur ancienneté et de leur effet sur la vigilance : les anciens, sédatifs, et les nouveaux, non sédatifs, soit en fonction de l’existence ou non d’un effet parallèle atropinique ou non. Cette distinction est souvent à nuancer car un produit considéré comme non sédatif ou non atropinique peut, dans certaines circonstances ou chez certaines personnes, entraîner des manifestations correspondant à ces effets .

Antihistaminiques H1 sédatifs

Les anciens antihistaminiques H1 commercialisés, la prométhazine, l’alimémazine, la dexchlorphéniramine, la bromphéniramine, la buclizine, la carbinoxamine et la doxylamine, sont sédatifs et provoquent une somnolence qui peut être gênante.

 

Prométhazine

PHÉNERGAN* Cp, Sirop, Inj, Crème

Alimémazine

THÉRALÈNE* Cp, Sirop, Sol buv, Inj

Dexchlorphéniramine

POLARAMINE* Cp, Sirop, Inj
POLARAMINE REPETABS, Cp

 Doxylamine

Donormyl*  Cp

Bromphéniramine 

DIMEGAN*  Cp 

 Les antihistaminiques anciens cités dans le tableau précédent ont une activité adrénolytique a qui diminue l’effet vasoconstricteur de l’adrénaline et de la noradrénaline et un effet atropinique, appelé aussi anticholinergique ou cholinolytique ou antimuscarinique. Certains antagonistes H1, tels que la prométhazine, ont de plus un effet anesthésique local.

La prométhazine et l’alimémazine sont, outre leur indication comme antiallergiques, utilisées dans le traitement des insomnies occasionnelles ou transitoires et l’alimémazine a, de plus, l’indication traitement symptomatique de la toux.

Les antihistaminiques H1 ayant en outre une activité atropinique comme la diphenhydramine et le dimenhydrinate, sont utilisés dans le traitement préventif et curatif du mal des transports, mais la scopolamine qui n’est pas antihistaminique semble plus efficace qu’eux en traitement préventif.

 

Dimenhydrinate

DRAMAMINE* Cp
MERCALM* Cp
NAUSICALM* Gélules, Sirop

Diphenhydramine

NAUTAMINE* Cp

La méclizine ou méclozine est un antihistaminique ancien sédatif avec effet atropinique utilisé dans la prévention du mal des transports et dans le traitement de la crise de vertiges.

Méclozine

AGYRAX*  Cp

La doxylamine a été pendant longtemps commercialisée comme antihistaminique sédatif sous le nom de Méréprine mais cette spécialité n’est plus disponible en France. La doxylamine est actuellement commercialisée en France sous le nom de Donormyl* comme hypnotique, en vente libre en pharmacie.

La doxépine, Quitaxon*, médicament antidépresseur, est un puissant antihistaminique H1, ce qui explique au moins partiellement son effet sédatif.

Antihistaminiques H1 non sédatifs

Les deux premiers antihistaminiques sans effet sédatif à être commercialisés ont été la terfénadine et l’astémizole. Ils ont par la suite été retirés du commerce parce qu’ils étaient, dans certaines conditions, à l’origine de troubles de la conduction cardiaque, allongement de l’espace QT pouvant conduire à des torsades de pointe. Cet effet indésirable était lié à leur effet sur les canaux potassiques notamment, conduisant à un ralentissement de la vitesse de repolarisation.

Les antihistaminique H1, cétirizine, lévocétirizine, loratadine, desloratadine et féxofénadine n’ont pas d ‘effet sédatif du fait de leur faible pénétration dans le cerveau, ne sont pas atropiniques et n’ont pas en principe d’effet sur la repolarisation cardiaque.

La cétirizine, dérivé carboxylé de l’hydroxyzine qui est utilisé comme sédatif et anxiolytique (Atarax*), outre son effet antihistaminique H1, inhibe la libération de diverses cytokines et de leucotriènes. La cétirizine est un racémique et la lévocétirizine, un isomère (énantiopur) de ce racémique.

La loratadine agit en grande partie par l’intermédiaire d’un de ses métabolites, la décarboéthoxyloratadine ou desloratadine, également commercialisée. En cas de surdosage, la loratadine peut donner une sédation et des effets atropiniques.

La féxofénadine, métabolite actif de la terfénadine, n’a pas les inconvénients cardiaques de cette dernière.

Cétirizine VIRLIX* Cp
ZYRTEC* Cp, Gouttes
Lévocétirizine

XYZALL * Cp

Loratadine CLARITYNE* Cp, Sirop (enfant)
Desloratadine AERIUS * Cp

Féxofénadine

TELFAST* Cp 

La mizolastine et l’ébastine n’entraînent pas, à posologie habituelle, d’allongement de l’espace QT; cependant en cas de surdosage un tel effet est possible. La prise concomitante de médicaments pouvant ralentir leur catabolisme est à éviter, notamment macrolides et antifongiques imidazolés. L’ébastine est transformée dans l’organisme en un métabolite actif, la carébastine.

Mizolastine

MIZOLLEN* Cp

Ebastine KESTIN* Cp
KESTINLYO*  Cp
Bilastine BILASKA*  Cp 
Rupatadine WYSTAMM*  Cp

Le méquitazine, Primalan*, possède parallèlement à son activité antihistaminique H1,  un effet atropinique par exemple par une sécheresse de la bouche ou un trouble de l’accommodation. Elle peut entraîner un allongement de l’espace QT et à dose un peu plus élevée avoir un effet sédatif. On ne voit guère son intérêt! 

Les antihistaminiques H1 non sédatifs ont une demi-vie plasmatique longue et une assez longue durée d’action pour que, en principe, une seule administration quotidienne suffise.

Antihistaminiques H1 à usage local

Un certain nombre d’antihistaminiques H1 sont utilisés localement, en collyres, solution nasale ou crèmes. Une partie du produit actif présent dans un collyre ou une solution nasale peut être absorbée et passer dans la circulation générale et être à l’origine d’effets indésirables généraux.

  • Collyres
    Les antihistaminiques H1 utilisés en collyre sont l’azélastine, la lévocabastine, l’émédastine et l’olapatadine ; cette dernière inhiberait aussi la libération de médiateurs de l’inflammation. Leur indication commune est les conjonctivites allergiques.

    Azélastine

    ALLERGODIL* Collyres

    Lévocabastine LEVOPHTA* Collyre
    Olapatadine OPATANOL* Collyre
  • Solution nasale
    L’azélastine, précédemment citée, existe aussi en solution pour pulvérisation nasale, destinée au traitement des rhinites allergiques.

    Azélastine

    ALLERGODIL* Sol nasale

  • Préparations dermatologiques
    La prométhazine et la diphenhydramine existent en préparations pour application cutanée.

    Prométhazine

    Phénergan* crème

    Diphenhydramine Butix* Gel

Effets indésirables

Les premiers antihistaminiques H1 entraînent habituellement une somnolence et leur prescription à des personnes devant avoir une activité demandant une vigilance normale, comme la conduite d’un véhicule, est contre-indiquée. Par leur effet adrénolytique a, surtout lorsqu’ils sont administrés par voie parentérale, ils pourraient s’opposer à l’action vasoconstrictrice de l’adrénaline, administrée par exemple en cas de choc anaphylactique.

Les nouveaux antihistaminiquesH1 n’entraînent qu’exceptionnellement une somnolence. Cette possibilité, même rare, doit cependant être prise en compte lors d’une première prescription. Il n’est pas conseillé de prescrire un antihistaminiqueH1 sédatif chez l’enfant de moins de 1 an car, bien que ceci ne soit pas démontré, il pourrait augmenter le risque de mort subite. A titre d’exemple, selon leur RCP, le Phénergan* sirop peut être utilisé à partir de 1 an, le Zyrtec* solution buvable et la Clarityne* sirop, à partir de 2 ans.

Pour les effets indésirables de type atropinique, voir Atropine.

Les antihistaminiques H1 non sedatifs, terfénadine et astémizole, pouvaient donner, surtout en cas de surdosage, par inhibition des canaux potassiques, des anomalies de la conduction cardiaque avec allongement de l’intervalle QT, voire même des torsades de pointes. Ils ont été retirés du commerce.

Divers autres effets indésirables des antihistaminiques H1 ont été signalés, notamment des réactions allergiques.

Tous les antihistaminiques H1, y compris ceux qui sont destinés au traitement du mal des transports, sont déconseillés durant les trois premiers mois de la grossesse, plus pour des raisons de principe que sur des constatations de malformations. La prométhazine a été prescrite à de nombreuses femmes enceintes sans entraîner de malformations.