Auteur : Pierre Allain

Hormone hypothalamique : gonadoréline

Les hormones sexuelles sont sécrétées par les gonades, testicules et ovaires. Ce sont des stéroïdes. Leur sécrétion est régulée par le complexe hypothalamo-hypophysaire qui libère des stimulines qui sont des polypeptides.

L’hypothalamus libère plusieurs hormones, dont la gonadoréline ou GnRH (gonadotropine releasing hormone), appelée aussi LHRH (luteinizing hormone releasing hormone), qui est un décapeptide régulant la sécrétion hypophysaire de LH (luteinizing hormone) et de FSH (follicle-stimulating hormone).

La GnRH est sécrétée physiologiquement d’une manière pulsatile par décharges intermittentes, à la fréquence d’environ 0,5 à 1 décharge par heure. Ces décharges sont déclenchées par une structure parfois appelée générateur hypothalamique pulsatile.

Cette sécrétion est modulée par certains médiateurs, et freinée par les hormones sexuelles gonadiques testostérone, estradiol et progestérone. Cependant, chez la femme, au milieu du cycle menstruel, c’est l’élévation de la concentration d’estradiol qui déclenche la libération de GnRH et l’ovulation.

La GnRH libérée par l’hypothalamus gagne directement l’hypophyse par un système veineux porte.

Effets

La GnRH déclenche la sécrétion hypophysaire de FSH et de LH en faisant intervenir le calcium et la calmoduline.

Lorsqu’on administre la GnRH sous forme de décapeptide exogène, ses effets sont différents en fonction du mode d’administration :

  1. En administration pulsée, c’est-à-dire discontinue, se rapprochant de la sécrétion physiologique, elle augmente la libération de FSH et de LH. Elle stimule la transcription des gènes qui codent pour les sous-unités protéiques a et b des gonadotropines.
  2. En administration continue, le maintien d’une concentration constamment élevée de GnRH entraîne, après une stimulation transitoire, un tarissement des sécrétions de FSH et de LH par désensibilisation des récepteurs.
    En absence de FSH et de LH, il y a chute de la sécrétion des estrogènes ou des androgènes, conduisant à une véritable castration chimique. L’effet de l’administration continue de GnRH est généralement réversible en deux mois environ après l’arrêt du traitement et le fonctionnement normal reprend.
    L’administration d’antagonistes de la GnRH conduirait aux mêmes effets que l’administration continue de GnRH qui tarit la sécrétion de FSH et de LH.

Utilisation

La GnRH ou gonadoréline et ses analogues, triptoréline, leuproréline, buséréline, goséréline et nafaréline, sont commercialisés sous des formes différentes :

  • Sous forme destinée à l’administration pulsée, en raison d’une « pulsation » toutes les 90 minutes, généralement par voie intraveineuse, pendant plusieurs jours. Cette administration se fait à l’aide d’une pompe à perfusion spéciale. La gonadoréline est utilisée comme inducteur de l’ovulation dans le traitement des stérilités féminines.
     

    Gonadoréline

    LUTRELEF* Inj

  • La gonadoréline est également commercialisée sous une forme destinée à l’exploration de la fonction gonadotrope, dans un but diagnostique.
     

    Gonadoréline

    STIMU-LH 50* Inj

  • Les analogues de la gonadoréline, sous la forme de préparations à longue durée d’action, sont destinés au traitement du cancer de la prostate, indication la plus fréquente, et au traitement des pubertés précoces et de l’endométriose (l’endométriose est définie par la présence d’un tissu endométrial ectopique, soit au niveau génital, soit au niveau extra-génital). Ils sont également utilisés (Salvacyl*, triptoréline) pour diminuer les pulsions sexuelles chez l’homme adulte ayant des déviances sexuelles sévères.
     

    Triptoréline

    DÉCAPEPTYL 0,1 mg* Inj
    DÉCAPEPTYL LP* 3 et 11,25 mg Inj
    SALVACYL* LP, 11.25 mg, inj

    Leuproréline

    LUCRIN* Inj
    ENANTONE* LP 3,75 et 11,25 mg Inj
    ELIGARD* 45 mg – 1 inj tous les 6 mois

    Buséréline

    SUPREFACT* Inj, Sol nasale
    BIGONIST * Implant inject. SC

    Goséréline

    ZOLADEX* 3,6 et 10,8 mg Inj

    Nafaréline

    SYNAREL* Sol nasale

    Les analogues de la gonadoréline sont indiqués dans le tableau précédent. Le même analogue, sous des présentations pharmaceutiques différentes, peut être utilisé soit comme stimulant, soit comme inhibiteur de la sécrétion des gonadotrophines hypophysaires.

Au début d’une administration continue, dans le traitement des cancers de la prostate par exemple, il peut y avoir une aggravation des symptômes par stimulation de la libération de testostérone.

Antagonistes de la gonadoréline

On dispose d’analogues de la GnRH ayant la capacité d’inhiber les récepteurs hypophysaires de la GnRH et ainsi d’inhiber son action. Les analogues les plus connus sont le cétrorélix et le ganirélix. Leur administration inhibe immédiatement la sécrétion de FSH et de LH et ils auront des indications en endocrinologie et en cancérologie.

Une de leurs indications particulières est la fécondation in vitro. Pour favoriser la maturation des ovocytes à prélever avant d’être fécondés in vitro, on administre de la FSH, laquelle entraîne parallèlement une augmentation de l’estradiol qui déclenche une sécrétion prématurée et non souhaitée de LH. Cette sécrétion de LH peut être prévenue par l’administration d’un antagoniste de la GnRH comme le cétrorélix ou le ganirelix.

 

Cétrorélix

CETROTIDE*, Inj

Ganirelix

ORGALUTRAN*, Inj

Le degarelix est un antagoniste des récepteurs hypophysaires de la GnRH à longue durée d’action après une injection sous-cutanée. Il est utilisé dans le traitement du cancer de la prostate et est commercialisé sous le nom de Firmagon*.

 

Degarelix

FIRMAGON*, Injectable