Auteur : Pierre Allain

Hormone de croissance ou somatotropine – Effets

L’hormone de croissance a deux mécanismes d’actions : l’un direct et l’autre indirect, très difficiles à différencier. Elle agit au niveau du noyau de la cellule sans y pénétrer elle-même, elle reste extracellulaire.

Effets directs 

  1. L’hormone de croissance elle-même entraîne une stimulation de la lipolyse, ce qui explique que les enfants déficients en hormone de croissance ont une augmentation de leur masse adipeuse.
  2. Elle a une action diabétogène, par effet anti-insuline, qui n’est observée qu’après administration de doses très élevées.
  3. Elle provoque une stimulation de la différenciation cellulaire.
  4. Il semble que son effet anabolisant au niveau de l’os et des muscles squelettiques soit moins important que celui de l’IGF.
  5. Administrée par voie parentérale, elle entraîne une libération d’IGF-1 qui est maximum une vingtaine d’heures plus tard. Il est même possible que l’effet apparemment direct de l’hormone de croissance sur l’os soit indirect par l’intermédiaire de l’IGF-1 produit par l’os lui-même et agissant d’une manière autocrine ou paracrine.

Effets indirects 

L’hormone de croissance agit indirectement en stimulant la synthèse, surtout hépatique et à moindre degré au niveau des autres organes, de somatomédines appelées aussi IGF (insuline-like growth factor), IGF-1 et IGF-2, qui sont constituées d’une chaîne polypeptidique linéaire d’environ 70 acides aminés comportant 3 ponts disulfures. L’IGF-1 a été appelé somatomédine C.

Sécrétées dans le plasma, les somatomédines se fixent sur des protéines de transport spécifiques appelées IGFBP (insuline-like growth factor binding proteins), IGFBP1 et IGBP2 et à un troisième composé appelé ALS, acid-labile subunit, formant un complexe ternaire dont on connaît mal le rôle.

Les concentrations plasmatiques d’IGF-1 et IGF-2 sont maximales pendant la puberté.

Les IGF-1 et IGF-2 agissent sur des récepteurs spécifiques de type I et de type II. Le récepteur de type I est un hétérotétramère constitué de deux sous-unités a et deux sous unités ß, qui ressemble beaucoup au récepteur de l’insuline et possède une activité tyrosine-kinase. Le récepteur de type II diffère de celui de l’insuline, il est formé d’une seule chaîne polypeptidique et ne possède pas d’activité tyrosine-kinase.

L’IGF-1 stimule la croissance : la synthèse protéique et l’incorporation de glucose, d’acides aminés et de sulfate dans les cellules. Sa concentration plasmatique est diminuée au cours du nanisme et augmentée en cas d’acromégalie.

Par rétrocontrôle hypothalamo-hypophysaire, l’IGF-1 réduit la sécrétion de somatotropine.

Mécasermine est la dénomination commune internationale donnée à l’insulin-like growth factor-1, IGF-1, humain obtenu par génie génétique et désigné par rhIGF-1. La mécasermine est commercialisée sous le nom de INCRELEX* et la mécasermine associée à sa protéine de transport IGFBP-3 (BP = Binding Protein) sous forme d’un complexe binaire est appelée mécasermine rinfabate et est commercialisée sous le nom de Iplex* (USA). La mécasermine et la mécasermine rinfabate s’administrent par voie sous-cutanée.

 
Mécasermine

INCRELEX* Inj 10 mg/ml

L’indication de l’IGF-1 est la déficience en IGF-1 malgré une concentration normale ou même élevée d’hormone de croissance, GH, c’est-à-dire les cas où la GH, pour diverses raisons, n’entraîne pas la formation et la sécrétion d’IGF. En cas de déficience de sécrétion de GH, c’est la GH qu’il faut employer.

Le choix de la GH ou de l’IGF-1 dans le traitement des déficiences bien caractérisées biologiquement parait assez simple. Par contre le traitement des petites tailles idiopathiques semble moins évident. Il s’agit dans tous les cas d’un traitement de longue durée et coûteux.

Il faut rappeler que GH et IGF-1 n’augmentent pas la croissance staturale après soudure des cartilages de conjugaison épiphysaires.

L’IGF-1 comme la GH pourrait augmenter le risque de cancers et des antagonistes de l’IGF-1 pourraient avoir un intérêt dans le traitement de certains cancers.