Auteur : Pierre Allain

Vitamine E ou tocophérol

Le terme de vitamine E désigne, en fait, une famille de substances dont la plus active biologiquement est l’ a-tocophérol.

Structure

Les vitamines E sont constituées d’un noyau 6-chromanol et d’une chaîne latérale isoprénoïde de 16 atomes de carbone, dont 3 asymétriques, ce qui entraîne la possibilité d’existence de nombreux isomères. Les tocophérols, en absence d’oxygène, sont stables à la chaleur et à la lumière, mais, en présence d’oxygène, malgré leurs propriétés anti-oxydantes, ils s’oxydent pour former une quinone.

Les aliments les plus riches en vitamine E sont les huiles d’origine végétale.

Métabolisme

Dans l’intestin, les esters de la vitamine E (c’est l’OH du cycle chromanol qui est estérifié par des acides) sont hydrolysés et libèrent la vitamine E. En présence de sels biliaires, la vitamine E est absorbée par les entérocytes où elle est incluse dans les chylomicrons et suit leur absorption.

Dans le sang, elle est transportée par les lipoprotéines, en particulier les LDL. Les concentrations plasmatiques normales de vitamine E sont de l’ordre de 12 mg/L avec, selon les références, un intervalle allant de 8 à 16 mg/L.

Les tissus qui contiennent les concentrations les plus élevées de vitamine E sont les graisses, certaines glandes endocrines et les thrombocytes.

Au niveau cellulaire, la vitamine E est présente à forte concentration dans les membranes et les mitochondries. Dans les membranes, le tocophérol est orienté, le noyau chromane à la surface de la cellule et la chaîne phytyl incrustée dans la bicouche lipidique. Il y a environ une molécule de tocophérol pour 1 000 molécules d’acides gras.

La vitamine E est peu ou pas métabolisée dans l’organisme.

L’apport recommandé, RDA (recommanded dietary allowance), est de l’ordre de 10 mg à 30 mg/jour, les besoins augmentant avec l’apport d’acides gras insaturés dans l’alimentation.

Effets

Le principal effet de la vitamine E est son action anti-oxydante. On sait depuis longtemps que la vitamine E stabilise in vitro les acides gras insaturés et les protège contre le rancissement qui s’effectue en présence d’oxygène. Le rancissement comporte la formation de radicaux qui, en présence d’oxygène, donnent des peroxydes selon une réaction en chaîne.

R + O2 ¾® ROO

ROO + R’H ¾® R’OO + R

La vitamine E s’oppose à la peroxydation des acides gras en peroxydes par réactions radicalaires.

Action antiradicalaire de la vitamine E

Le noyau chromane, oxydé sur le groupe OH lors des réactions radicalaires, est transformé en a-tocophérol radical, relativement stable, donc peu réactif, et qui est de plus régénéré en tocophérol par l’acide ascorbique ou le glutathion selon le schéma suivant :

Carence

Il n’y a guère de symptômes spécifiques de la carence en vitamine E dans l’espèce humaine. Dans certaines circonstances particulières, des troubles neurologiques et musculaires liés à une carence ont été décrits. Chez les prématurés la déficience en vitamine E peut être à l’origine d’une anémie hémolytique et augmenterait le risque d’atteinte rétinienne.

Utilisation

Compte-tenu de l’importance que l’on accorde aux réactions radicalaires, désignées souvent sous le terme de stress oxydatif, dans le développement de diverses maladies cardiovasculaires, neurologiques et cancéreuses ainsi que dans le vieillissement, compte-tenu, d’autre part, de l’effet anti-oxydant indiscutable de la vitamine E, elle a été prescrite dans de très larges indications.

  1. Prévention de l’athérosclérose
    La majorité des études épidémiologiques consacrées à la vitamine E, seule ou associée à la vitamine A ou au ßcarotène, arrivent à la conclusion qu’elle a un effet bénéfique dans la prévention des accidents cardiovasculaires d’origine athéromateuse, bien que les différences observées dans certaines études ne soient pas statistiquement significatives.
  2. Prévention des cancers
    Il a été constaté que la concentration plasmatique de vitamine E était plus basse chez les cancéreux que chez les témoins. Mais cette constatation ne prouve pas qu’une supplémentation en vitamine E aurait retardé ou évité l’apparition des cancers.
  3. Malabsorption intestinale
    La vitamine E est prescrite dans les troubles digestifs comportant une malabsorption des lipides, comme dans l’abétalipoprotéinémie ou acanthocytose (érythrocytes avec épines sur la membrane), maladie congénitale rare, et dans les cholestases.
  4. Fibroplasie rétrolentale
    La vitamine E est utilisée dans le traitement et la prévention de la fibroplasie rétrolentale des prématurés, généralement consécutive à l’oxygénothérapie.
  5. Certaines maladies neurologiques
    La vitamine E, à doses élevées, retarderait la progression de certaines maladies neurologiques comme la maladie de Parkinson.

Au total, en dépit de nombreux indices favorables, l’efficacité d’une supplémentation en vitamine E dans la prévention des accidents cardiovasculaires, des cancers et du vieillissement reste encore à évaluer. La difficulté de cette évaluation provient du fait que l’alimentation apporte de la vitamine E en quantité parfois élevée, mais variable selon les sujets, et qu’on la propose dans le traitement de maladies d’origine multifactorielle.

a-tocophérol

Toco 500* Gélules 500 mg

La vitamine E a peu d’effets indésirables, cependant, à doses journalières supérieures à 600 mg, quelques uns, peu graves, ont été signalés.

Globalement une unité internationale de vitamine E correspond à 1 mg d’alpha-tocophérol.