Plantes médicinales, remèdes d’origine végétale

Dans le numéro 25 du 19 décembre 2002 du New England Journal of Medicine, il y a trois articles concernant les remèdes d’origine végétale.

Perspective: Herbal Medicines – What’s in the Bottle?
S. E. Straus
Drug Therapy: Herbal Remedies
P. A.G.M. De Smet
Botanical Medicines – The Need for New Regulations
D. M. Marcus and A. P. Grollman

Les points essentiels à retenir de ces trois articles me paraissent être les suivants

  • Les remèdes d’origine végétale sont très utilisés à travers le monde, y compris aux USA et en Europe
  • Les produits d’origine végétale sont généralement des extraits de composition complexe dont la teneur en produits actifs peut être très variable d’une préparation à l’autre et parfois non conformes aux indications données dans les notices d’accompagnement
  • Ces préparations peuvent contenir des "contaminants", parfois introduits volontairement comme le diéthylstilbestrol dans une préparation destinée au traitement du cancer de la prostate ou de produits toxiques non éliminés au cours des extractions

Les deux points précédents suggèrent qu’il faut renforcer la législation en matière de contrôle de qualité des remèdes d’origine végétale.

Quatre types de préparations sont examinés d’une manière plus détaillée : Ginkgo biloba, Crataegus, Serenoa repens et Hypericum perforatum.

  • Ginkgo biloba : Plusieurs essais cliniques de Ginkgo biloba sur les fonctions cognitives dans la maladie d’Alzheimer, sur la claudication intermittente et les acouphènes ont été menées et ont donné des résultats généralement positifs mais modestes. En France il y a au moins deux préparations de Ginkgo biloba, Tanakan*( Ginkgo biloba seul) et Ginkor* qui, outre le Ginkgo contient de l’heptaminol (!) et de la troxérutine et est considéré comme veinotonique
  • Crataegus, aubépine : les extraits de Crataegus auraient un effet tonicardiaque de type digoxine. En France il existe plus de 50 spécialités contenant un extrait de Crataegus avec des indications fantaisistes comme " les troubles de l’éréthisme cardiaque de l’adulte (cœur sain) et traitement symptomatique des états neurotoniques, notamment en cas de troubles mineurs du sommeil
  • Serenoa repens, commercialisé en France sous le nom de Permixon* avec l’indication de traitement des troubles mictionnels modérés liés à l’hypertrophie bénigne de la prostate. Au cours des essais cliniques, le permixon* a donné des résultats meilleurs que ceux du placebo
  • Hypericum perforatum, millepertuis Les extraits de millepertuis contiennent de nombreuses substances dont l’hypericine et l’hyperforine, cette dernière étant une des substances actives. Dans plusieurs essais cliniques, les extraits de millepertuis se sont montrés plus efficaces qu’un placebo dans le traitement d’états dépressifs d’intensité modérée. Mais il est aussi apparu que les extraits de millepertuis pouvaient avoir des effets indésirables et donner des interactions médicamenteuses par induction enzymatique.

Au total, pour un médicament le fait d’être d’origine végétale n’est pas, à lui seul, une garantie d’innocuité ni d’efficacité.

15 Mars 2003 : Voir Plantes toxiques, plantes médicinales et phytothérapie, Interview de Jean Bruneton, Professeur à la Faculté de Pharmacie, Université d’Angers, par Pierre Allain.

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